Ne manquez pas cette nuit le lancement de KazEOSat-1, le premier satellite d'observation de la Terre du Kazakhstan. Compte tenu des aspects géostratégiques et des enjeux économiques propres à ce pays, cette république se dote avec ce satellite de capacités d’observation de la Terre très significatives. Et ce n’est pas un satellite low cost qu’elle s’est offert. Il a été construit par Airbus Espace, autour de la même plateforme que les très performants Pléiades, dans le cadre d’un accord passé avec la France en 2009. Accord facilité par le fait que ce pays dispose de ressources énergétiques dont la France a besoin.

au sommaire


    Pour son troisième lancement, le petit lanceur Vega d'ArianespaceArianespace doit mettre en orbite le satellite KazEOSat-1 (anciennement nommé DZZ-HR). Un événement pour le Kazakhstan, puisqu'il s'agit de son premier satellite d'observation de la Terreobservation de la Terre. Si les conditions météorologiques sont favorables, le lanceur doit décoller dans la nuit de lundi à mardi du Centre spatial guyanais. Le lancement est prévu à 22 h 35, heure de Kourou (le 29 avril à 3 h 35, heure de Paris). Le satellite sera placé sur une orbite basse héliosynchronehéliosynchrone (environ 700 km de la Terre) inclinée à 98,5°. Compte tenu de la masse du satellite (830 kgkg), la performance demandée à VegaVega est de 918 kg à séparer sur l'orbite visée. Le lancement est à suivre en direct sur le site d'Arianespace TV.

    Ce satellite aura pour mission de fournir au Kazakhstan une gamme complète d'applications civiles, parmi lesquelles la surveillance des ressources naturelles et agricoles, la fourniture de données cartographiques et le soutien aux opérations de secours en cas de catastrophes naturellescatastrophes naturelles. Cette version officielle omet de mentionner que ce satellite sera également utilisé à des fins militaires, notamment de surveillance.


    L'histoire du programme de KazEOSat-1 résumée en trois minutes. © Airbus Espace, YouTube

    Construit par Airbus Espace à partir de la plateforme Astrobus, également utilisée pour construire toute une gamme de satellites d'observation de la Terre pour des missions aussi variées que l'imagerie (Pléiades, Spot 6 et Spot 7, Ingenio, etc.), environnementale (Sentinel 2) ou de météorologiemétéorologie (Sentinel 5P), ce satellite est annoncé avec une résolutionrésolution d'un mètre, voire moins. Elle est à comparer avec celles des deux satellites Pléiades (de 50 à 70 cm).

    KazEOSat-1, un satellite pour garantir la sécurité du Kazakhstan

    À ceux qui s'étonnent que ce pays se dote de satellites d’observation de la Terre (un deuxième est prévu, KazEOSat-2), il faut savoir que cet État issu du démembrement de l'ex-URSS regorge de pétrolepétrole, de gazgaz et autres matièresmatières premières et mineraisminerais rares. Ses ressources en uranium en font également un acteur important du secteur nucléaire. Le Kazakhstan veut devenir un producteur énergétique de premier plan, diversifier ses marchés d'exportation et s'ouvrir bien plus qu'il ne le fait aujourd'hui à l'Union européenne. En pleine ascension dans la production énergétique, il s'est lancé dans de vastes projets de modernisation de ses infrastructures et de nouvelles capacités de production et de transformation.

    Or, bien que le Kazakhstan soit un pays stable, ce n'est pas le cas de beaucoup de ses voisins. Il se situe en Asie centrale, une région stratégique entre la Chine et la Russie. Il est également voisin du Pakistan et de l'Afghanistan, deux pays fortement instables. Le Kazakhstan doit tenir compte du contexte géopolitique défavorable à la stabilité politique du pays et aux investisseurs étrangers en se prémunissant de tout risque d'« exportation » des problèmes qui gangrènegangrène ces pays (terrorisme, fondamentalisme islamiste, trafic de droguedrogue, etc.). D'où la nécessité de surveiller ses frontières et au-delà. Néanmoins, les KazEOSat kazakhs seront avant tout utilisés à des fins civiles pour gérer au mieux les grands travaux et les bouleversements attendus en termes d'urbanisation, de protection civile et d'environnement. Notamment pour la gestion de l’eau, le pays n'étant pas autonome dans ce domaine.