Un énième différend entre la Russie et le Kazakhstan sur la retombée des débris des étages des lanceurs tirés depuis le Baïkonour contraint Arianespace à reporter le lancement du satellite de météorologie polaire Metop-B. Une situation qui pose une nouvelle fois la question de l’indépendance de l’accès à l’espace pour la Russie, qui loue ce cosmodrome au Kazakhstan.

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    L'Agence spatiale russe Roscosmos a fait savoir à ArianespaceArianespace et l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne qu'il n'était pas possible de lancer le satellite Metop-B le 23 mai, comme cela était initialement prévu.

    Ce satellite européen de météorologiemétéorologie polaire de la filière MetopMetop doit être lancé par un Soyouz exploité par StarsemStarsem, filiale d'Arianespace depuis le cosmodrome de BaïkonourBaïkonour au Kazakhstan. Le satellite qui se trouve actuellement dans les installations de Starsem à Baïkonour a été mis en conditions de sécurité maximale.

    Malgré la vétusté des installations de Baïkonour et la volonté russe de le quitter, cinquante ans après le début de la conquête spatiale, ce cosmodrome est toujours un pan important du programme spatial russe.  © Esa/S. Corvaja

    Malgré la vétusté des installations de Baïkonour et la volonté russe de le quitter, cinquante ans après le début de la conquête spatiale, ce cosmodrome est toujours un pan important du programme spatial russe. © Esa/S. Corvaja

    Pour expliquer ce report, Arianespace et l'Agence spatiale européenne annoncent que des « mesures complémentaires doivent en effet être prises pour s'assurer de la disponibilité des zones de retombées des éléments du lanceur après le décollage ». Voilà qui n'explique pas les véritables raisons de ce report. Concrètement, la Russie est de nouveau confrontée à un différend avec les autorités kazakhes sur la question des retombées des débris des étages des lanceurs russeslanceurs russes tirés depuis le site de Baïkonour.

    Objectivement lorsque l'on tire depuis Baïkonour, il n'y a pas de risque majeur pour les populations, la trajectoire des retombées des étages évitant les zones les plus densément peuplées. Cependant, pour ce vol, la trajectoire et les zones de retombées sont inhabituelles en raison de l'orbite visée. Le Kazakhstan demande que la sécurisation de ces zones de retombées des quatre boosters puis du premier étage du lanceur soient plus larges que celles que planifiaient les contrôleurs au sol de la mission. 

    La Russie déménage 

    Depuis 1991 et la chute de l'URSS, le site de Baïkonour appartient au Kazakhstan, devenu un État indépendant. La Russie le loue pour environ 165 millions de dollars par an mais doit batailler avec les autorités politiques de ce pays sur la question des retombées des débris des étages des lanceurs tirés depuis ce site. Une situation qui exaspère autant les autorités russes qui n'apprécient guère se faire dicter leur planning de lancement, que les kazakhes qui pointent du doigt la toxicitétoxicité de ces retombées sur l'environnement.

    Les vues aériennes du cosmodrome Baïkonour sont très rares. Celle-ci a été prise depuis le pas de tir des vols habités Soyouz. Au fond, on distingue un autre pas de tir. © Esa/S. Corvaja

    Les vues aériennes du cosmodrome Baïkonour sont très rares. Celle-ci a été prise depuis le pas de tir des vols habités Soyouz. Au fond, on distingue un autre pas de tir. © Esa/S. Corvaja

    Depuis la fin des années 1990, les Russes ont décidé de transférer à terme toutes les activités de lancement depuis Baïkonour sur le territoire russe, sur les sites existants de Plessetsk et de Vostochny, en cours de constructionconstruction. Il est prévu que d'ici à 2020, plus de 90 % des lancements soient effectués depuis le territoire russe.

    Cependant, même si les activités spatiales du cosmodrome ont été considérablement réduites depuis l'ère soviétique, Baïkonour demeure l'une des bases de lancement les plus actives du monde, d'autant plus que sa position est bien plus avantageuse que les autres sites de lancement sur le territoire russe. Malgré cette activité, le site tombe en désuétude. Seules les installations utilisées par Starsem qui commercialise le lanceur SoyouzSoyouz et celles de la société International Launch Services, qui commercialise le lanceur Proton, sont aux standards occidentaux.