Après un coup d'arrêt long de plusieurs années, l'archéologie en Irak reprend de plus belle avec la découverte d'une importante sculpture sur le site de Khorsabad, au nord de Mossoul. Une statue massive âgée de 2 700 ans, représentant une divinité mésopotamienne, a été découverte par une équipe d'archéologues franco-irakiens, dans un impressionnant état de préservation. 


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    C'est une bien étrange figure qu'ont vu émerger de la terre une équipe d'archéologues français et irakiens à quelques kilomètres au nord de Mossoul, en Irak, sur le site de Khorlasabad. Dissimulée au yeuxyeux de tous, la sculpture de 3,8 sur 3,9 mètres composée d'albâtre représente une divinité assyrienne, le Lamassu

    Le Lamassu mesure 3,8 sur 3,9 mètres et est composé d’albâtre. © Mustafa Faraj, Conseil d'État des Antiquité et de l'héritage d'Irak 
    Le Lamassu mesure 3,8 sur 3,9 mètres et est composé d’albâtre. © Mustafa Faraj, Conseil d'État des Antiquité et de l'héritage d'Irak 

    Cette entité protectrice de la Mésopotamie est une hybridationhybridation de plusieurs espècesespèces animales : deux ailes viennent surplomber un corps de taureau, avec un ensemble surplombé d'une tête humaine. Seule cette dernière vient à manquer, dérobée par des pillards en 1995 avant d'être récupérée par les autorités irakiennes et désormais exposée au Musée national de Baghdad.

    Deux Lamassu retrouvés à Khorsabad, dans le palais royal de Sargon II, aujourd'hui préservés au musée du Louvre. © Vania Teofilo, <em>Wikimedia Commons</em>
    Deux Lamassu retrouvés à Khorsabad, dans le palais royal de Sargon II, aujourd'hui préservés au musée du Louvre. © Vania Teofilo, Wikimedia Commons

    Une histoire mouvementée

    La découverte du Lamassu de Dur-Shurakkin (nom de l'ancienne cité de Khorsabad) n'est pas complètement fortuite. Dès le XIXe siècle, des archéologues découvrent des tablettes et documents relatant l'existence de telles sculptures sur les anciennes terres du royaume assyrien. Si des archéologues irakiens parviennent à mettre la main une première fois sur le Lamassu en 1992, la guerre du Golfe va mettre un coup d'arrêt aux fouilles. Deux décennies plus tard, les djihadistes de Daesh se lancent dans une entreprise de destruction de sites archéologiques majeurs au Moyen-Orient, ravageant notamment Palmyre en 2015.

    Le site de Palmyre en Syrie, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, ici photographié en 2008. © James Gordon, <em>Wikimedia Commons, </em>CC by-sa 2.0
    Le site de Palmyre en Syrie, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, ici photographié en 2008. © James Gordon, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Entre 2014 et 2017, la ville de Mossoul et la région environnante tombent aux mains de l'État islamique. Des locaux décident de cacher le Lamassu de Dur-Shurrakin, pesant 18 tonnes, afin de le préserver et d'empêcher sa destruction. Une tâche accomplie avec succès, les archéologues louant l'état général de la statue. Auprès de l'Agence France Presse, les chercheurs ont pointé la qualité des détails offerts par la sculpture, leur permettant d'en apprendre plus sur son âge et son origine.

    Un témoin du règne de Sargon II

    Le Lamassu découvert au nord de Mossoul se serait fièrement dressé aux portesportes de Dur-Sharukkin il y a 2 700 ans. La statue, qui servait à protéger la cité assyrienne contre ses ennemis, aurait été sculptée durant le règne du roi Sargon II. Ayant occupé le trône de 722 à 705 avant J.-C., Sargon II fait bâtir Dur-Sharrukin, tout en l'établissant comme capitale de son royaume. L'administration documente la constructionconstruction des monuments, bâtiments et œuvres d'art de la cité. Mais après sa mort, son fils et successeur Sennachérib déplace la capitale assyrienne vers Ninive, actuellement en périphérie de la ville de Mossoul.

    Dialogue entre Sargon II et un haut fonctionnaire, bas relief découvert dans le palais de Dur-Shurrakin. © Mudée du Louvre, <em>Wikimedia Commons, </em>Domaine public
    Dialogue entre Sargon II et un haut fonctionnaire, bas relief découvert dans le palais de Dur-Shurrakin. © Mudée du Louvre, Wikimedia Commons, Domaine public

    Grâce à cette (re)découverte et malgré des conditions politiques complexes en Irak, les archéologues ont exprimé leur volonté de réunir le corps du Lamassu avec sa tête. De nombreux observateurs ont exprimé leur enthousiasme quant aux travaux d'excavation menés à Khorsabad. Avec l'espoir que de nouvelles générations d'archéologues viennent exhumer les trésors cachés d'Irak et du Moyen-Orient.