Pour éviter que, dès cet automne, aucun Américain ne séjourne à bord de la Station spatiale internationale, la Nasa envisagerait d'acheter deux nouvelles places à bord du Soyouz russe. Malgré la mise en service imminente du Crew Dragon de SpaceX, dont le premier vol habité est prévu en mai, la Nasa doit tenir compte d'un nouveau et probable retard du Starliner de Boeing dont le vol d'essai inhabité ne s'est finalement pas aussi bien passé qu'on a pu le croire.


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    Malgré la préparation du premier vol habité du Crew Dragon de SpaceXSpaceX à destination de la Station spatiale internationale, actuellement prévu en mai 2020, la Nasa est contrainte d'acheter une, voire deux places sur les prochains vols de SoyouzSoyouz russes. Une situation plutôt surprenante mais qui s'explique par la nécessité de se prémunir d'un nouveau retard dans la mise en service des capsules Crew Dragon et Starliner, et aussi de garantir une présence américaine continue à bord du complexe orbitalcomplexe orbital, ce qu'a confirmé le responsable des affaires publiques au Centre spatial Johnson de la Nasa.

    Ce que n'a pas dit ce responsable, c'est que la Nasa est très remontée contre Boeing suite aux nombreux dysfonctionnements découverts sur la capsule Starliner, dont de multiples problèmes de logicielslogiciels constatés lors du vol d'essai du Starliner, réalisé en décembre 2019. Bien que les responsables de la Nasa et Boeing aient refusé de spéculer sur les conséquences d'un décalage par rapport au calendrier prévu, il est probable que la mise en service commerciale de la capsule soit reportée de plusieurs mois.

    La Nasa devra encore attendre

    Or, la Nasa a toujours dit qu'elle ne souhaitait pas dépendre d'un seul véhicule spatial exploité commercialement afin d'éviter tout risque de suspension du service de transport d'astronautes. À cette contrainte, s'ajoute le risque que, vers la fin de l'année, aucun astronaute américain ne soit présent à bord du complexe orbital ! En effet, le report de la mise en service du Starliner, s'il devait se confirmer, contraindrait la Nasa à réaménager le calendrier des lancements et le planning des rotations des équipages. D'où cette décision d'acheter de nouvelles places à bord des capsules Soyuz. Le dernier siège à bord d'une capsule Soyouz et déjà acheté sera utilisé en avril par l'astronaute Chris Cassidy.


    La Nasa devra peut-être acheter de nouvelles places à bord des Soyouz !

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 20/02/2019

    La Nasa estime qu'il y a un risque réel pour que la mise en service des systèmes de transports habités de Boeing et SpaceX soit une nouvelle fois retardée. Les deux véhicules pourraient ne pas être prêts aux dates prévues (début 2020). Face à cette incertitude et pour éviter que dès cet automneautomne aucun Américain ne séjourne à bord de la Station spatiale internationale, la Nasa envisagerait d'acheter deux nouvelles places à bord du Soyouz russe.

    Une nouvelle fois, la Nasa pourrait être contrainte d'acheter des places à bord des véhicules Soyouz pour envoyer deux de ses astronautes à bord de la Station spatiale internationale. Afin de se prémunir d'un nouveau retard, aujourd'hui prévisible, dans la mise en service des systèmes de transports spatiaux habités de SpaceX et de Boeing, elle envisagerait d'acheter deux sièges. L'un pour un vol prévu à l'automne 2019 et l'autre pour un vol au printemps 2020.

    Si les deux industriels prévoient toujours une mise en service début 2020, voire fin 2019, la Nasa est plutôt circonspecte. Son dernier planning, mis à jour en décembre 2018, ne l'est déjà plus ! Il y a seulement deux mois encore, elle prévoyait que SpaceX réalise un vol d’essai inhabité en janvier et un premier vol de démonstration habité en juin. Quant à Boeing, son vol d'essai inhabité était prévu en mars et le suivant habité en août. Or, SpaceX a décalé au 2 mars son premier vol d'essai et rien n'indique aujourd'hui que Boeing sera en mesure de réaliser le sien à la date prévue.

    Incertitude sur la date de mise en service des taxis de l'espace de Boeing et SpaceX

    Si la mise en service de ces deux taxis de l’espace devait être retardée une nouvelle fois de plusieurs mois, ces deux sièges supplémentaires garantiront à la Nasa que ses astronautes pourront accéder à bord du complexe orbital et y séjourner jusqu'en septembre 2020. Date à laquelle la Nasa s'attend à ce qu'au moins un des deux véhicules soit opérationnel.

    La Nasa, qui veut se défaire de cette dépendance russe pour la rotation des équipages depuis 2017 a bien du mal à s'en passer. En 2015, elle signait un contrat de transport avec les Russes jusqu'en 2018 et qui devait être le dernier. Or, le retard dans le développement du Crew Dragon de SpaceX et du Starliner de Boeing l'a contrainte à acheter, en 2017, cinq nouvelles places à bord de Soyouz par l'intermédiaire de Boeing.

    Le dernier prix officiellement connu d'un aller-retour à bord d'un Soyouz était de 81,7 millions de dollars.


    La Nasa devra de nouveau acheter des places à bord des Soyouz

    Article de Rémy Decourt, publié le 10/08/2015

    Devant le peu d'empressement des décideurs politiques à donner à la Nasa les financements nécessaires au développement des futurs systèmes de transports spatiaux habités de SpaceX et de Boeing, l'agence spatiale américaine est contrainte d'acheter aux Russes de nouvelles places à bord des Soyouz. La Nasa, qui projetait de se défaire de cette dépendance russe pour la rotation des équipages de l'ISS fin 2017, devra vraisemblablement attendre quelques mois de plus, voire plusieurs années.

    La Nasa, qui garantit un accès à la Station spatiale internationale aux astronautes occidentaux, veut se prémunir d'un retard dans le développement des systèmes de transport habités de SpaceX et de Boeing. Même si leur service opérationnel est toujours prévu fin 2017 ou début 2018, la Nasa a tout de même décidé d'acquérir auprès de Roscosmos six allers-retours à bord du complexe orbital pour la période 2018-2019. Les rotations se feront à bord de capsule Soyouz. Il lui en coûtera 490 millions de dollars, soit 81,7 millions de dollars par siège.

    Ce montant couvre également les frais des différentes activités préparatoires à ces vols, comme l'entraînement aux procédures de lancement et d'atterrissage et l'inévitable stage de survie. Les tarifs ont une nette tendance à l'augmentation puisque, pour l'année 2017, le prix du siège facturé par Roscosmos à la Nasa était de 76,3 millions de dollars, de 50 millions pour la période 2011-2012 et de seulement 26,3 lors du retrait de la navette en juillet 2011. Ces places ne seront pas seulement occupées par des astronautes américains. La Nasa a en effet en charge l'acheminementacheminement des astronautes de ses partenaires européens, canadiens et japonais vers et depuis l'ISS, sauf ceux qui effectuent des vols pour le compte de leur propre agence spatiale.

    Cette décision de la Nasa peut surprendre, d'autant plus que le développement des deux futurs taxis de l'espace, le CST-100 de Boeing et le Dragon V2 de SpaceX, se poursuit normalement et que l'ISS est reconfigurée pour les accueillir. Elle s'explique moins par la crainte d'un retard dans la mise au point des deux capsules que par une difficulté de financement de ce développement dans le cadre du contrat CCiCap (Commercial Crew Integrated Capability).

    Les deux premiers vaisseaux spatiaux privés capables de transporter des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS). En haut, le CST-100 de Boeing et, en dessous, la version habitée de la capsule Dragon de SpaceX. © Boeing et Space X
    Les deux premiers vaisseaux spatiaux privés capables de transporter des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS). En haut, le CST-100 de Boeing et, en dessous, la version habitée de la capsule Dragon de SpaceX. © Boeing et Space X

    Premiers concurrents aux Soyouz prévus fin 2017, au mieux

    Pour l'exercice 2016, qui débute le 1er octobre, la Nasa a fait état d'un besoin de 1,2 milliard de dollars, soit un peu plus de 1 milliard d'euros (l'agence américaine délivre des fonds au fur et à mesure qu'une entreprise franchit des étapes techniques clairement définies). Or, les budgets proposés par le Sénat et la Chambre des représentants des États-Unis sont respectivement de 900 millions et 1 milliard de dollars. Cette limitation n'empêchera pas la mise au point des deux capsules mais rend peu probable de les voir débuter leur service commercial d'ici la fin de l'année 2017.

    Boeing et SpaceX sont les deux entreprises à avoir remporté en septembre 2014 le contrat de la Nasa pour transporter ses astronautes à bord de la Station spatiale internationale et les redescendre sur Terre. Ce contrat CCtCap (Commercial Crew transportation Capability), de 6,8 milliards de dollars (4,2 milliards pour Boeing et 2,6 milliards pour SpaceX), couvre au total six missions de transport d'astronautes vers l'ISS pour chacune des deux compagnies. Elles seront précédées de deux vols d'essai, dont un habité. Le service opérationnel devrait débuter fin 2017 ou début 2018, date à laquelle prendra fin le dernier contrat signé entre la Nasa et Roscosmos portant sur l'achat de places à bord des Soyouz russes.