Pour expliquer la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives, l’hypothèse virale gagne du terrain. Bien que l’on ne puisse confirmer un lien de causalité, une étude révèle des associations significatives entre exposition virale et risque de développer ce type de maladie. Au total, 22 virus différents sont en cause.


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    « Les troubles neurodégénératifs sont un ensemble de maladies pour lesquelles il existe très peu de traitements efficaces et de nombreux facteurs de risque », a déclaré d'emblée dans un communiqué Andrew Singleton, chercheur sur la maladie d'Alzheimer et coauteur d'une nouvelle étude publiée dans Neuron. Parmi ces facteurs de risque, l’hypothèse virale gagne du terrain depuis quelques années. Par exemple, une étude parue l’année dernière a montré une association solidesolide entre un risque accru de sclérose en plaques (multiplié par 32) et une infection antérieure par le virus d'Epstein-Barr.

    Une nouvelle approche

    « Après avoir lu cette étude, nous avons réalisé que, pendant des années, les scientifiques avaient cherché -- un par un -- des liens entre un trouble neurodégénératif individuel et un virus spécifique, a expliqué Michael Nalls, neurogénéticien au National Institute on Aging aux États-Unis. C'est alors que nous avons décidé d'essayer une approche différente, davantage fondée sur la science des données. En utilisant les dossiers médicaux, nous avons pu rechercher systématiquement tous les liens possibles en une seule fois. »

    Les chercheurs ont utilisé les ressources d'un projet finlandais et de la UK Biobank (Royaume-Uni) afin d'explorer les associations potentielles entre les expositions virales et une variété de maladies neurodégénératives communes, comme la maladie d'Alzheimer, la sclérose latérale amyotrophiquesclérose latérale amyotrophique, la démencedémence généralisée, la démence vasculairedémence vasculaire, la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson et la sclérose en plaques. D'un autre côté, les expositions comprenaient l'encéphaliteencéphalite virale (une inflammationinflammation du cerveaucerveau causée par un virus), les verruesverrues virales, les grippesgrippes et les pneumoniespneumonies virales.

    L'association de risques la plus forte était entre l'encéphalite virale (une inflammation du cerveau causée par un virus) et la maladie d'Alzheimer. © Ocskay Bence, Adobe Stock
    L'association de risques la plus forte était entre l'encéphalite virale (une inflammation du cerveau causée par un virus) et la maladie d'Alzheimer. © Ocskay Bence, Adobe Stock

    Une forte association entre l'encéphalite virale et la maladie d'Alzheimer

    Une première analyse a permis de trouver 45 associations significatives entre exposition virale et maladie neurodégénérative, ramenées à 22 après une analyse ultérieure de 500 000 dossiers médicaux de la UK Biobank. L'association de risques la plus forte était entre l'encéphalite virale et la maladie d'Alzheimer ; les personnes ayant eu le virus étaient au moins 20 fois plus susceptibles de recevoir le diagnosticdiagnostic de la maladie que celles qui n'avaient pas été exposées au virus. La grippe avec pneumonie était significativement associée à tous les diagnostics de troubles neurodégénératifs à l'exception de la sclérose en plaques, rapportent les chercheurs.

    Par ailleurs, le suivi montre que certaines de ces expositions virales étaient associées à un risque accru de maladie neurodégénérative jusqu'à 15 ans après l'infection, et aucun virus n'a montré de protection contre l'une de ces maladies.

    Les auteurs notent que des vaccinsvaccins existent déjà pour certains de ces virus comme la grippe, la varicelle et le zona (VZVVZV) et la pneumonie. « Bien que les vaccins ne préviennent pas tous les cas de maladie, ils sont connus pour réduire considérablement les taux d'hospitalisation. Ces données suggèrent que la vaccinationvaccination pourrait atténuer certains risques de développer une maladie neurodégénérative. »