Dans le cerveau des personnes obèses, les scientifiques ont observé des anomalies comparables à celles présentes dans le cerveau des personnes atteintes d'Alzheimer. L'obésité est-elle un facteur de risque de développer une maladie neurodégénérative avec l'âge ? 


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    L'obésité est une maladie qui bouleverse le métabolisme en favorisant le diabète de type 2, la dyslipidémie ou encore l'hypertensionhypertension. Elle a aussi des conséquences graves sur la sphère respiratoire, cardiaque et intestinale. Plus récemment, des observations suggèrent aussi que l'obésité affecte le cerveau et la cognitioncognition.

    Des neurologues de l'université de McGill de Montréal proposent une hypothèse pour expliquer le déclin cognitif lié à un IMC (indice de masse corporelleindice de masse corporelle) trop élevé. Ils pensent que derrière cela se cache une forme de neurodégénérescence comparable à ce qui se passe chez les patients atteints d'Alzheimer. Ils ont donc réalisé quatre cartes du cerveau à partir des IRMIRM réalisées chez quatre groupes de volontaires : des personnes obèses (sans problème cognitif diagnostiqué), des personnes de poids moyen, des personnes atteintes d'Alzheimer et des personnes à la cognition normale. En comparant les cartes entre elles, les scientifiques canadiens ont observé des similitudes entre le cerveau des personnes obèses et celui de celles atteintes d'Alzheimer.

    Des similitudes entre obésité et Alzheimer dans le cerveau

    Trois caractéristiques ont été suivies pour témoigner de la présence d'une neurodégénération dans le cerveau : l'amincissement de la matièrematière grise, la présence de plaque sénile et d'agrégat de protéine tauprotéine tau. Les IRM prises chez les patients obèses montrent un amincissement de la matière grise dans le lobe temporaltemporal, plus précisément dans le cortex préfrontalcortex préfrontal. Ce phénomène est aussi visible chez les personnes atteintes d'Alzheimer à un stade précoce. 

    En revanche, l'obésité n'est pas associée à la présence de plaque sénile et de protéine tau comme l'est Alzheimer. Les deux cartes du cerveau ne sont donc pas superposables et chaque maladie possède ses particularités. Au regard de ces résultats, les scientifiques de McGill concluent que l'obésité pourrait être un facteur de risquefacteur de risque supplémentaire pour la maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer.

    Les cartes cérébrales des différences entre l'épaisseur de la matière grise des patients obèses et atteints d'Alzheimer. Plus la couleur est foncée, plus les régions sont similaires. © Filip Morys
    Les cartes cérébrales des différences entre l'épaisseur de la matière grise des patients obèses et atteints d'Alzheimer. Plus la couleur est foncée, plus les régions sont similaires. © Filip Morys

    Un facteur de risque de démence ?

    Ils ne sont pas les premiers à faire ce rapprochement, d'autres études observationnelles ou chez les animaux ont mis en évidence une association entre l'obésité à l'âge moyen et la démencedémence durant la vieillesse. Il se pourrait que l'amincissement de la matière grise dû à l'obésité précède l'apparition des plaques séniles et les agrégats de protéine tau chez les personnes sujettes à Alzheimer. Une hypothèse à confirmer.

    « Notre étude renforce la littérature existante pointant l'obésité comme un facteur important de la maladie d'Alzheimer en montrant que l'amincissement cortical pourrait être l'un des mécanismes potentiels. Nos résultats mettent en lumièrelumière l'importance de diminuer le poids des personnes obèses au milieu de la vie pour diminuer le risque subséquent de neurodégénération et de démence », conclut Filip Morys, chercheur dans le laboratoire The Neuro à McGill.