Elle s'appelle Klebsiella pneunomiae, n'est pas inconnue du monde hospitalier et pourtant, sa soudaine prolifération a fait des dizaines de morts et contaminé des centaines de personnes dans les établissements hospitaliers israéliens depuis six mois. Et cela ne semble pas fini.

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    Culture de Klebsiella pneunomiae.

    Culture de Klebsiella pneunomiae.

    L'information n'a été diffusée que très récemment par les medias israéliens, et fait actuellement la une dans les journaux du pays, qui soulignent la crainte de propagation d'une bactérie résistante. Les autorités médicales, elles, sont prises au dépourvu devant une telle dissémination, d'autant plus imprévisible que Klebsiella pneunomiae répondait favorablement jusqu'ici aux divers traitements par antibiotiques tels la ceftazidime, avec un taux de résistancerésistance de 7 %. Ce qui n'est pas dramatique car d'autres formes de traitement existent (aminocides, céphalosporines notamment).

    Mais le degré de résistance constaté actuellement dépasse toutes les prévisions les plus pessimistes, car sur les 500 cas de contamination récente, 30 % se sont soldés par le décès du patient. Le milieu hospitalier se trouve donc bel et bien devant un nouveau cas de résistance acquise aux antibiotiques, un de plus serait-on tenté de dire...

    Cependant, on constate que pratiquement tous les malades souffraient déjà d'autres infections, parfois cumulées, et que la bactérie n'est pas la seule cause de leur décès, explique Yair Amikam, chargé de la communication au ministère israélien de la Santé. Celui-ci a également demandé une rallonge budgétaire de 500 millions de dollars afin d'installer plusieurs centaines de lits supplémentaires dans la crainte d'une propagation rapide de la maladie.

    "De nombreuses mesures doivent être prises", a déclaré le docteur Itamar Shalit, président de l'association israélienne des maladies infectieuses, demandant aussi des investissements significatifs afin de pouvoir engager plus de spécialistes des maladies nosocomiales ainsi que du personnel de salle spécialisé, acquérir l'équipement médical nécessaire et installer davantage de lits pour accueillir un afflux imprévisible de nouveaux patients, insistant sur la fait que si ces mesures ne sont pas prises d'urgence, "nous risquons d'être confrontés à un problème endémiqueendémique au lieu d'un problème pouvant être contenu".

    Le ministre de la Santé Yaacov Ben-Izri a affirmé qu'une équipe ministérielle d'urgence s'occupait très sérieusement du problème.

    Quelle que soit l'issue de la situation, il apparaît cependant que le principal responsable de cette épidémieépidémie soit l'abus d'antibiotiques lié à leur utilisation dans de nombreux cas où leur usage ne s'impose pas, et qui entraîne, par un simple mécanisme d'auto-défense, l'apparition de résistances aux traitements antibiotiques. La médecine a ainsi à faire face à un nombre sans cesse accru de souches bactériennes, mais aussi virales, contre lesquelles la pharmacopée actuelle est désarmée. Et cela, à l'échelle mondiale.

    Il est à noter que Klebsiella pneunomiae est répandue dans le monde entier, et que les deux tiers des infections qu'elle provoque sont acquises en milieu hospitalier. Cette bactérie est aussi à l'origine de 3 % des pneumoniespneumonies bactériennes aiguës, et source fréquente d'épidémies nosocomiales.