Les PAFS, largement utilisés dans l'industrie agroalimentaire, sont suspectés d'avoir des effets néfastes sur la santé, persistants dans le corps. L'administration d'un médicament contre le cholestérol a permis de réduire leur concentration dans le sang de 60 % en l'espace de 12 semaines selon un essai clinique danois, laissant entrevoir la promesse d'un traitement éliminant ces « polluants éternels » pour les populations fortement exposées. 


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    Un traitement contre le cholestérol permet de réduire la quantité de « polluants éternels » (PFAS) dans le sang de 60 % en trois mois d'après un essai clinique réalisé au Danemark, a expliqué jeudi un responsable du projet. « L'effet du traitement se traduit par une baisse (du taux) dans le plasma de 63 %, ce qui correspond à environ une baisse de 3 % liée au temps qui passe et de 60 % grâce au traitement », a dit à l'AFP Morten Lindhardt, médecin à l'hôpital d'Holbaek, à l'ouest de Copenhague. Autrement dit, avec ce traitement -- de la cholestyramine -- le sang se débarrasse des polluants 20 fois plus vite que sans intervention, d'après l'étude publiée dans la revue scientifique Environment International.

    Selon les chercheurs, c'est une piste prometteuse pour des personnes ayant été exposées à de fortes doses, car ces substances, qui ont tendance à s'accumuler dans l'organisme, peuvent être néfastes à la santé par exemple en diminuant la réponse immunitaire à la vaccination, en ayant un impact sur le cholestérol ou en étant liées à des cancers ou à l'obésité.

    Un traitement contre le cholestérol permet de réduire la quantité de « polluants éternels » (PFAS) dans le sang de 60 % en trois mois. © Belish, Shutterstock
    Un traitement contre le cholestérol permet de réduire la quantité de « polluants éternels » (PFAS) dans le sang de 60 % en trois mois. © Belish, Shutterstock

    Attention aux effets secondaires 

    « Si vous continuez à être exposé, je ne pense pas qu'il faut suivre ce traitement en permanence à cause des effets secondaires », qui peuvent se manifester sous la forme d'éruption cutanéeéruption cutanée ou de douleurdouleur abdominale, note le docteur Lindhart. Toutefois, le médicament permet d'éradiquer le « sentiment d'être empoisonné » que peuvent ressentir les personnes à fort taux de polluants, se félicite-t-il.

    Au Danemark, 45 résidents, contaminés aux PFAS, ont reçu un traitement pendant 12 semaines dont l'effet est jugé « indiscutable ». © Artem Podrez, Pexels
    Au Danemark, 45 résidents, contaminés aux PFAS, ont reçu un traitement pendant 12 semaines dont l'effet est jugé « indiscutable ». © Artem Podrez, Pexels

    Les PFAS, ou substances per- et polyfluoroalkylées, sont une large famille de quelque 4 000 composés chimiques. 

    Au Danemark, des habitants de Korsør (centre) ont été contaminés à l'un d'entre eux, l'acideacide perfluoroctane sulfonique (PFOS) associé à un risque accru de cancer et interdit en Europe. Au sein de cette communauté, les taux mesurés de PFOS sont largement supérieurs à la normale (21 ng/mL) et c'est sur 45 résidents, avec un taux médian de 191 ng/mL, que l'essai clinique a été réalisé. Malgré la petite taille de la cohortecohorte, l'effet du traitement, car il est très important, est indiscutable, assure M. Lindhardt.

    Un effet « indiscutable » pour rompre la chaîne de transmission

    Pas question cependant de traiter toutes les personnes confrontées à des taux faramineux. « Le risque d'effets secondaires est beaucoup trop important, si on traitait tout le monde, ça serait un désastre », prévient-il. 

    Il voit un « potentiel » pour les femmes en âge de procréer, pour leur permettre de ne pas transmettre ce haut niveau de PFAS à leur futur enfant. « Ça pourrait rompre la chaîne de transmission à la génération future », dit le médecin. La prudence reste de mise car si les effets du médicament sont documentés dans les taux sanguins, ils sont inconnus sur les maladies rénales ou les insuffisances immunitaires, note M. Lindhardt.

    Voir aussi

    Les fabricants de produits chimiques éternels ont dissimulé volontairement leur nocivité