La bactérie Helicobacter pylori, présente chez la moitié de la population mondiale, est responsable de maladies gastriques sérieuses. Une étude montre comment une alimentation trop salée joue sur la virulence de cette bactérie et peut conduire au développement de cancers.

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    Des bactéries Helicobacter pylori vues en microscopie électronique. Le nom de cette bactérie vient de sa structure externe hélicoïdale. © Janice Carr, CDC, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Des bactéries Helicobacter pylori vues en microscopie électronique. Le nom de cette bactérie vient de sa structure externe hélicoïdale. © Janice Carr, CDC, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    C'est la première bactérie directement impliquée dans la genèse d'un cancer : Helicobacter pylori est en outre responsable de nombreuses maladies de l'estomac. On considère qu'aujourd'hui, une personne sur deux est porteuse de cet agent infectieux et que 10 % d'entre elles développeront des infections gastriques sérieuses telles que des ulcères ou des gastrites chroniques.

    Toutefois, chez la plupart des gens, Helicobacter pylori reste à l'état dormant et ne provoque aucun symptôme. Pourquoi la bactérie se réveille-t-elle dans certains cas ? Une équipe américaine de l'université Vanderbilt à Nashville pourrait avoir trouvé l'une des raisons. Dans une étude publiée dans Infection and Immunity, elle montre qu'une alimentation trop riche en sel renforcerait l'action de cette bactérie et le risque de cancer de l’estomac.

    Photomicrographie d’une gastrite due à <em>Helicobacter pylori</em>. On considère que la moitié de la population mondiale porte cet agent infectieux. © Nephron, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Photomicrographie d’une gastrite due à Helicobacter pylori. On considère que la moitié de la population mondiale porte cet agent infectieux. © Nephron, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Cette découverte s'appuie sur un grand nombre d'études épidémiologiques soulignant l'effet d'une alimentation trop salée sur le nombre de cancerscancers gastriques. Pour étudier plus en détail l'incidenceincidence du sel sur les maladies liées à l'estomac, les auteurs ont utilisé la gerbille de Mongolie comme modèle animal. Ces rongeursrongeurs ont tous été infectés par une souche virulente d'Helicobacter pyloriHelicobacter pylori, puis ont été répartis en deux groupes recevant soit un régime alimentaire normal, soit une alimentation riche en sel.

    Manger trop salé augmente le risque de cancer

    Quatre mois après l'infection, les chercheurs ont sacrifié les animaux et ont analysé leurs tissus gastriques. Les résultats montrent que tous les animaux ayant reçu une alimentation riche en sel ont développé un cancer. Par contre, la pathologiepathologie n'a affecté que la moitié des animaux nourris normalement. Un apport trop élevé en sel favoriserait donc l'infection par Helicobacter pylori et augmenterait le risque de cancer.

    Restait à savoir pourquoi le sel promeut l'infection par Helicobacter pylori. Comme souvent chez les bactéries, l'environnement dans lequel elles se développent conditionne leur physiologie. Il convenait donc aux auteurs de se demander si un ou plusieurs facteurs de virulence étaient modifiés en présence de sel. La réponse est positive : la synthèse de la protéineprotéine oncogénique CagA est stimulée par un régime alimentaire riche en sel. Les auteurs ont alors modifié génétiquement les bactéries en supprimant le gènegène codant pour cette protéine. Ils ont ensuite réalisé la même expérience d'infection animale. Les résultats sont sans appel : aucun des animaux mutés pour CagA ne développe de cancer.

    Ces résultats montrent à quel point notre consommation alimentaire joue sur notre bonne santé. Ils suggèrent d'éviter l'utilisation trop importante de sel dans l'alimentation.