La bactérie Helicobacter pylori est l’une des principales bactéries de notre flore intestinale mais elle est aussi à l’origine de gastroentérites, d’ulcères ou pire, de cancers. Doit-on s’en débarrasser ? Probablement pas. Des scientifiques viennent de montrer qu’elle préservait des souris de l’obésité et du diabète.

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    Helicobacter pylori est la seule bactérie connue capable de survivre dans un milieu aussi acide que celui de l'estomac. Très fréquente dans l'espèce humaine, elle limiterait les risques d'apparition de l'obésité et du diabète souvent associé. © Yutaka Tsutstumi, Wikipédia, DP

    Helicobacter pylori est la seule bactérie connue capable de survivre dans un milieu aussi acide que celui de l'estomac. Très fréquente dans l'espèce humaine, elle limiterait les risques d'apparition de l'obésité et du diabète souvent associé. © Yutaka Tsutstumi, Wikipédia, DP

    Elle s'appelle Helicobacter pylori et colonise les estomacs humains depuis au moins 116.000 ans. Cette bactérie, retrouvée chez environ une personne sur deux, est même le principal microbemicrobe de notre flore intestinale. Elle est pourtant connue pour causer des gastroentérites, des ulcères de l’estomac voire de cancers de cet organe.

    En contrepartie, des études ont montré que ce micro-organisme limitait les risques d'apparitions de certains troubles de l'œsophage, d'asthmes ou d'allergies infantiles. D'autre part, sa population décroît depuis que l'obésitéobésité grimpe en flèche dans les pays développés. Y aurait-il un lien entre les deux événements ?

    Oui, selon des scientifiques du Virginia Bioinformatics Institute (Blacksburg, États-Unis). Du moins c'est ce que suggère leur travail publié dans Plos One sur des souris.

    H. pylori, la bactérie qui combat obésité et diabète

    Les chercheurs ont infecté des souris soumises à un régime hypercalorique les rendant obèses. Certaines ont eu droit d'être colonisées par une souche non virulente de H. pylori quand d'autres ont reçu une souche pathogènepathogène. Enfin, un troisième groupe comportait des rongeursrongeurs dépourvus de la bactérie.

    Les souris aussi, si elles sont mal nourries, peuvent devenir obèses et diabétiques. Mais l'administration dans l'estomac de <em>Helicobacter pylori</em> permet d'améliorer les symptômes de ces pathologies. © BigpInkton, Wikipédia, DP

    Les souris aussi, si elles sont mal nourries, peuvent devenir obèses et diabétiques. Mais l'administration dans l'estomac de Helicobacter pylori permet d'améliorer les symptômes de ces pathologies. © BigpInkton, Wikipédia, DP

    Les deux premiers groupes ont montré une diminution de la résistance à l’insuline associée à une meilleure tolérance au glucoseglucose, une augmentation de sécrétionsécrétion de leptine, l'hormone de la satiétéhormone de la satiété, et un arrêt de la prise de poids, ce qui n'a pas été le cas chez leurs homologues témoins. Le microbe semble donc avoir des vertus contre l'obésité et l'une de ses maladies associées : le diabète de type 2.

    Des antibiotiques à l’origine de troubles métaboliques ?

    D'après les auteurs, le caractère bénéfique ou virulent de H. pylori dépendrait de l'interaction du patrimoine génétiquegénétique de la bactérie avec le système immunitaire de l'hôte. Sa pathogénicitépathogénicité potentielle ne peut être l'explication à sa colonisation des estomacs humains car qu'elle possède ou non des gènesgènes infectieux, elle se plaît autant dans nos entrailles. Les chercheurs suggèrent donc que les avantages qu'elle procure puissent être réellement importants pour notre santé.

    Ces effets bénéfiques ne se limiteraient pas à l'estomac. Ils concerneraient, plus généralement, le métabolismemétabolisme mais également certaines inflammationsinflammations. H. pylori, aussi petit soit-il, semble avoir beaucoup à nous offrir.

    Ainsi, si son rôle crucial est avéré par des études ultérieures, se posera une question qui revient de plus en plus ces dernières années : l'utilisation intempestive d'antibiotiques est-elle responsable ? Les dégâts de ces médicaments sur la flore intestinale pourraient avoir des conséquences négatives sur notre santé qu'on commence à peine à mesurer. Est-ce le début d'une nouvelle ère dans laquelle on traitera avec beaucoup plus d'attention les microbes qu'il nous faut préserver ?