Les obèses auraient dans l'intestin une flore bactérienne un peu différente, qui dégraderait mieux les aliments, produisant davantage de sucres.

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    « Il suffit que je regarde un gâteau pour prendre cent grammes ! ». Certains et certaines se sentent injustement dotés par la nature d'une performance digestive plus élevée que la moyenne. Ils n'ont pas tort et des chercheurs américains estiment avoir percé au moins une partie du mystère : cette inégalité devant la nourriture proviendrait de la flore intestinale. Chez les personnes obèses, la population bactérienne serait plus efficace pour l'extraction des sucres.

    Jeffrey Gordon, de la faculté de médecine de l'université Saint-Louis, à Washington, avait déjà avancé en 2004 que le cocktail bactérien de chaque personne pouvait jouer un rôle dans le contrôle du poids d'un individu. Pour cette nouvelle étude, qui vient d'être publiée dans Nature, le chercheur américain a suivi pendant un an 17 volontaires, dont 12 obèses et 5 minces, en analysant leur flore intestinale.

    Pour l'essentiel, la flore présente dans l'intestin humain est composée de deux sortes de bactéries, les firmicutes et les bactéroïdacées. Chez les obèses, par rapport aux minces, Gordon et son équipe ont trouvé un surcroît de firmicutes, supérieur à 20 %, et un gros déficit - 90 % de moins - en bactéroïdacées. D'après les scientifiques, cette différence de proportion conduirait à ce que la quantité de sucres extraits de la nourriture serait plus élevée chez les obèses. L'effet d'une même charlotte au chocolat ne serait donc pas le même pour tout le monde.

    Les bactéries contenues dans notre intestin, et qui commencent la digestion des aliments, seraient, d'une personne à l'autre, plus ou moins efficaces pour extraire les sucres. Mais la nature des échanges entre notre corps et ses ouvriers microscopiques de la digestion reste largement incomprise. Crédit : Laura Kyro, Zhen He, Largus Angenent, Jeffrey Gordon

    Les bactéries contenues dans notre intestin, et qui commencent la digestion des aliments, seraient, d'une personne à l'autre, plus ou moins efficaces pour extraire les sucres. Mais la nature des échanges entre notre corps et ses ouvriers microscopiques de la digestion reste largement incomprise. Crédit : Laura Kyro, Zhen He, Largus Angenent, Jeffrey Gordon

    Relation mystérieuse entre le corps et ses bactéries

    Cette différence de flore est-elle la cause ou la conséquence de l'obésitéobésité ? L'équipe a mené deux expériences, aux résultats contradictoires. Des obèses volontaires ont suivi un régime pauvre en sucres et en graisses durant un an et ont perdu jusqu'à 25 % de leur poids. Durant cette période, la proportion de firmicutes a chuté dans leur intestin et celle des bactéroïdacées a grimpé, pour atteindre les mêmes niveaux que chez les minces. Les chercheurs se demandent si notre corps n'a pas un moyen pour modifier la flore intestinale, l'obésité modifiant l'écosystèmeécosystème bactérien.

    L'autre expérience va dans le sens contraire. A des souris élevées en cage stériles, donc dépourvues de bactéries, les scientifiques ont injecté dans l'intestin un cocktail bactérien prélevé soit chez les gros soit chez les minces. Résultat spectaculaire : les souris ayant reçu les bactéries provenant des personnes obèses ont pris par la suite deux fois plus de poids que celles ayant reçu la flore des minces.

    Par ailleurs, d'autres expériences ont montré que chez des souris naturellement obèses (ou plutôt génétiquement modifiées pour l'être) la flore intestinale contient davantage de firmicutes. De fait, elle dégrade effectivement mieux les éléments fibreuxfibreux, en récupérant plus de caloriescalories.

    Bref, tout cela n'est pas encore très clair. Pour perdre du poids quand on en a trop, l'idéal est encore de manger équilibré et de garder une activité physiquephysique...