Un médicament sur dix vendu dans le monde est un faux. Dans les pays en voie de développement, ce chiffre grimpe à un sur quatre. Cette contrefaçon est "une vraie menace pour la santé publique", déclare Jean Marimbert, directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

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    Un sur dix dans le monde...

    Un sur dix dans le monde...

    Si, jusqu'à présent, aucun faux médicament n'a été découvert dans une pharmacie de France, il faut cependant se rendre à l'évidence: la vente sur InternetInternet constitue, selon Jean Marimbert, "une véritable voie d'eau" en matièrematière de sécurisation du médicament, en court-circuitant à la fois les rôles du médecin prescripteur et du pharmacienpharmacien accompagnateur.

    Ainsi le 14 mai dernier, un contrôle effectué à l'aéroport parisien de Roissy permettait la saisie de près de 50.000 boîtes de faux Viagra en provenance d'Inde, et le mois précédent, des lots de Plavix, un médicament destiné à lutter contre le risque de caillots, avaient été retirés de la vente par mesure de précaution suite à la découverte d'une contrefaçon en Grande-Bretagne.

    Mais il y a plus grave. Si, dans nos pays occidentaux, la contrefaçon vise essentiellement les médicaments dits "de confort" (obésité, troubles de l'érection...), ce sont les produits de base qui sont visés dans les pays pauvres, où les gens n'hésitent pas à chercher des alternatives moins coûteuses faute de pouvoir acquérir les médicaments nécessaires et qui pourraient les sauver.

    Des populations peuvent se voir décimées par absorption de ces produits contrefaits. Ainsi en 1992, 233 enfants bangladais étaient morts pour avoir pris un sirop au paracétamol coupé avec de l'antigel. En 1995, ce sont 2500 enfants nigérians qui décédaient pour avoir reçu un faux vaccin contre la méningiteméningite. Qui s'en souvient ? Et qui s'émeut de voir mourir chaque année, alors que le chiffre a été divulgué voici déjà un an, 200.000 malades du paludismepaludisme, pour la seule raison que les médicaments qui leur ont été administrés étaient des faux ?

    "La lutte contre la contrefaçon ne peut-être efficace que si elle est collective, associant industriels, professionnels de la santé et patients", explique Jean Marimbert. L'Afssaps travaille actuellement à développer et promouvoir des techniques qui permettraient de comparer les "signatures" des médicaments, mais il n'existe malheureusement pas de parade absolue, regrette-t-il.

    Le chiffre d'affaires mondial de la contrefaçon des médicaments est actuellement estimé à 32 milliards de dollars par an.