Le mois dernier, en Birmanie, un homme de 23 ans atteint du paludisme décédait non de sa maladie, mais d'avoir ingéré un médicament contrefait, qui ne contenait que 20% de l'artémisinine annoncée. C'est l'occasion de rappeler que, si les médicaments sauvent des vies, les contrefaçons peuvent tuer…

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    La plupart du temps, les médicaments contrefaits ne guérissent pas, bien au contraire... <br />(Crédits : www.canadapharma.org)

    La plupart du temps, les médicaments contrefaits ne guérissent pas, bien au contraire...
    (Crédits : www.canadapharma.org)

    Les médicaments contrefaits représenteraient 10% du commerce mondial

    A l'instar des sacs et des T-shirt, des médicaments contrefaitsmédicaments contrefaits circulent dans tous les pays. Selon la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration (FDA), ils représenteraient même 10% du commerce mondial. Dans les pays riches, il s'agirait majoritairement d'hormones, de corticoïdes et d'antihistaminiques, en somme des produits coûteux. Dans les pays en voie de développement, le marché visé serait celui du traitement de maladies mortelles comme la tuberculose, le Sida ou le paludismepaludisme. On se souvient par exemple d'une épidémieépidémie de méningiteméningite au Niger, en 1995, pendant laquelle 50.000 malades s'étaient vu administrer de faux vaccinsvaccins, et 2.500 n'y avaient pas survécu. Et, plus récemment, on retient le cas de ce birman atteint du paludisme, tué par un médicament contrefait : « Il avait reçu un faux comprimé d'artésunate, copie de ceux fabriqués par le laboratoire chinois Guilin », expliquait Paul NewtonNewton, de l'université d'Oxford. « Après l'avoir absorbé, il a plongé dans le comacoma avant de décéder ». Un cas loin d'être isolé puisque, selon une récente étude publiée par The Lancet, près de 40% des produits contenant de l'artésunate - les plus à même de traiter le paludisme chimiorésistant - ne recèlent en réalité aucun principe actifprincipe actif...

    Selon l'Organisation Mondiale de la SantéOrganisation Mondiale de la Santé, qui appelle à prendre immédiatement des mesures concrètes pour lutter contre le phénomène croissant des contrefaçons de médicaments, 40% de ces derniers sont écoulés dans les pays développés, contre 60% dans les pays pauvres. Des spécialistes avancent même que, au Nigeria et en Guinée, 6 médicaments sur 10 ne seraient pas homologués. Fabriqués dans l'ombre d'une arrière-boutique ou d'un entrepôt, ils sont ensuite vendus à la sauvette... ou sur InternetInternet, où ils sont en constante prolifération.

    La lutte contre la contrefaçon... des médicaments

    Comment lutter contre ces médicaments contrefaits qui, dans la moitié des cas, ne contiennent pas de principe actif (Source : groupe de travail anti-contrefaçon du Leem - les Entreprises du Médicament) et, dans les autres, ont une teneur en agent actif inférieure ou sont coupés par d'autres produits ? En apportant un appui aux autorités de réglementation pharmaceutique qui manquent de moyens, en utilisant des marqueurs comme des systèmes de codes barres, en renforçant la surveillance transnationale des médicaments contrefaits ou ne répondant pas aux normes, et en sensibilisant les patients, le personnel soignant et les pharmacienspharmaciens. « Il faut intensifier ces mesures », avait récemment déclaré Howard Zucker, sous-directeur général à l'OMS pour la Technologie de la santé et les produits pharmaceutiques. « Les pays doivent réfléchir aux moyens de procéder le plus rapidement possible aux ajustements technologiques, législatifs et financiers nécessaires pour garantir la disponibilité des médicaments essentiels de qualité. »

    Les médicaments contrefaits ne cessent de faire des victimes à travers le monde. Ces produits là ne guérissent pas. Au mieux, ils n'ont peu ou pas d'effet. Au pire, ils tuent...