au sommaire
L. Dolega/Scanpix
Les virus sont mis à l'honneur par le jury du prix Nobel 2008, dont le prix de physiologie et de médecine vient récompenser les deux découvertes anciennes, totalement indépendantes, de virus aujourd'hui célèbres, le VIH et le papillomavirus.
La moitié du prix de 1,02 million d'euros ira à Harald zur HausenHarald zur Hausen. Dès le début des années 1970, à l'université d'Erlangen-Nuremberg, en Bavière, ce chercheur allemand spécialiste de virologie s'intéresse aux Human Papilloma Virus, alias HPVHPV. Il les trouve associés à des tumeurs du col de l'utérus et il émet l'hypothèse que ce parasiteparasite est bien à l'origine de cette forme de cancer. Ses travaux, menés dans différentes institutions, lui ont ensuite valu quelques déconvenues mais aussi plusieurs prix prestigieux. A partir du tout début des années 1990, la responsabilité du papillomavirus dans le cancer du col de l'utéruscancer du col de l'utérus a été largement admise.
Harald zur Hausen. © Magunia/Scanpix
L'autre moitié du Nobel 2008 de médecine récompense deux Français (la dernière occurrence remonte à 1980 et au prix Nobel de Jean Dausset), Luc MontagnierLuc Montagnier et Françoise Barré-SinoussiFrançoise Barré-Sinoussi. En 1983, la seconde travaille dans le laboratoire du premier, à l'Institut Pasteur. Avec Jean-Claude Chermann, l'équipe isole un nouveau rétrovirusrétrovirus, baptisé LAV (Lymphodenopathy Associated Virus) et l'estime responsable de cette maladie récente, appelée Sida (Syndrome d'immunodéficience acquiseSyndrome d'immunodéficience acquise), en progression rapide. Leurs résultats paraissent le 20 mai dans la revue Science.
Il s'en suivra une longue polémique avec une équipe américaine, celle du professeur Robert Gallo, qui annonce en avril 1984 avoir découvert le véritable virus du Sida, le HTLV-III. Avec la demande de brevet pour un test de dépistagedépistage déposé aux Etats-Unis par l'Institut Pasteur, l'enjeu se fait économique et la controverse devient une affaire d'Etat, qui aboutit à un accord signé par les deux présidents de l'époque, Jacques Chirac et Ronald Reagan, statuant que les deux équipes sont « co-découvreurs ». Ce règlement diplomatique ne clôt pas l'affaire, qui se poursuit pendant des années avec des révélations sur quelques falsifications par l'équipe de Robert professeur Gallo. En 1994, l'Institut national de la santé américain (NIH) reconnaît la paternité de la découverte du virus à l'équipe française et la polémique entre les deux chercheurs (qui sont toujours restés en contact) s'arrête enfin.
Luc Montagnier. © DKFZ/Scanpix
Pendant ce temps, le virus LAV a changé de nom et s'appelle désormais VIH (virus de l'immunodéficience humaine) ou HIV en anglais. Il s'est également trouvé un petit frère et on parle maintenant du VIH-1VIH-1 et du VIH-2VIH-2.
Depuis, le principal espoir initial né de cette découverte, celui de créer un vaccinvaccin, recule toujours, à cause de la complexité du phénomène. Mais Luc Montagnier, 76 ans, croit toujours à un vaccin thérapeutique, comme il vient de le rappeler, en dédiant son prix à tous les malades du Sida et en rappelant que ce « fléau mondial » touche aujourd'hui près de 1% de la population humaine.
Françoise Barré-Sinoussi n'a jamais cessé de travailler sur cette maladie depuis 1983. Auteur ou co-auteur de 200 publications sur le sujet, elle a reçu la Légion d'honneur (comme Luc Montagnier) et participe à l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatiteshépatites (ANRS).