Dans un travail encore non publié, une équipe britannique de l'université de Newcastle, si l'on en croit le magazine New Scientist, se dit sur la voie de la réalisation de cellules sexuelles mâles à partir de cellules souches d'adultes... femelles. L'idée n'est pas nouvelle et d'autres chercheurs travaillent, eux, sur des œufs mâles...

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    Karim Nayernia, l'homme qui veut fabriquer des spermatozoïdes. © NESCI

    Karim Nayernia, l'homme qui veut fabriquer des spermatozoïdes. © NESCI

    A partir de cellules de souches extraites de la moelle osseuse, il serait possible de créer des gamètes mâles ou femelles, c'est-à-dire des spermatozoïdes ou des ovules. Une équipe britannique, menée par le biologiste d'origine iranienne, Karim Nayernia, affirme avoir déjà obtenu des spermatogoniesspermatogonies (premiers précurseurs de la spermatogénèse, qui aboutira aux spermatozoïdes). C'est ce qu'annoncent les magazines New Scientist et Telegraph.

    En avril 2007, déjà, une équipe allemande de l'université de Göttingen, dirigée par le même Karim Nayernia, avait réussi à transformer des cellules de moelle osseuse d'un homme adulte en spermatogonies. Un an auparavant, la même équipe avait poussé l'expérience jusqu'à l'obtention de spermatozoïdes, mais chez les souris et en trichant un peu. Une fois les cellules souches transformées en spermatogonies, elles avaient été injectées dans un testiculetesticule d'une autre souris où elles avaient suivi une spermatogénèse apparemment normale. Les spermatozoïdes obtenus avaient ensuite pu féconder des ovules, donnant naissance à des souris (avec un taux de succès faible).

    L'équipe voudrait désormais parvenir au même résultat chez l'homme et plus précisément la femme : prélever des cellules dans la moelle osseuse d'une volontaire et les transformer en spermatozoïdes, pour aboutir à une fécondationfécondation normale. En 2006, l'équipe brésilienne d'Irina Kerkis travaillait sur l'obtention de gamètes mâles et femelles.

    Une étape impossible ?

    Mais la fin de la spermatogénèse est très loin d'être maîtrisée. Au cours de l'une de ses étapes, la méioseméiose transforme les gamètes (appelés alors spermatocytes) en spermatidesspermatides possédant deux fois moins de chromosomeschromosomes. Les mêmes étapes se déroulent pour transformer les ovogonies en ovocytesovocytes, futurs ovules (ce qui se déroule dans le fœtusfœtus). Cette étape n'a jamais été obtenue in vitroin vitro.

    Les biologistes pensent d'ailleurs que le chromosome Y, absent chez les femelles, est indispensable à la spermatogénèse et donc que les travaux de Navernia risquent de le mener dans une impasse.

    Imaginées pour rendre la fertilité à des couples quand l'un des deux ne produit pas de gamètes fonctionnels, ces recherches soulèvent bien sûr de profonds problèmes d'éthique. En Grande-Bretagne, les scientifiques ne peuvent aller plus loin chez l'homme. Le Parlement britannique planche aujourd'hui sur une évolution de la loi en la matièrematière, qui date de 1990, et les recherches sur les gamètes issus de cellules souches pourraient être autorisées.