Les allergies alimentaires sont des phénomènes complexes dont les tenants et les aboutissants sont encore mal compris. Se fier au verbiage spécieux et autres promesses fallacieuses lus sur les réseaux sociaux pourrait impacter de façon négative les soins qui sont proposés par un médecin.


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    Les allergies alimentaires sont pléthores en ce XXIe siècle. Parmi les hypothèses probables pour identifier les causes des allergies alimentaires, les scientifiques étudient les conséquences d'un manque de vitamine D, de l'exposition cutanée aux allergènes avant l'exposition alimentaire et d'un microbiote peu diversifié. Tout cela pourrait induire un dysfonctionnement du système immunitaire, notamment au niveau des lymphocytes T régulateurs, et engendrerait les réactions allergiques. 

    L'ère du relativisme de la connaissance

    Comme souvent les réseaux sociaux pullulent d'informations alternatives en tout genre. Et ce n'est pas une mauvaise chose en soi. Le problème que souligne bien l'allergologueallergologue David Stukus, président du comité du programme du Congrès annuel de l'American College of Allergy, Asthma and Immunology (ACAAI) de Houston (États-Unis), et présentateur de l'étude en question, c'est que « les médias sociaux donnent à chacun une voix égale, même à ceux qui ne donnent pas les informations correctes. Les années de formation et l'expérience clinique des allergologues ont le même poids que celles des individus non qualifiés effectuant leurs propres "recherches" à l'aide de moteurs de recherche en ligne ».

    Malheureusement, les médias sociaux ne sont pas les seules plateformes concernées. D'aucuns reprochent aux radios françaises, comme le fait Jean-Marc Jancovici, entre autre ingénieur, dernièrement invité à l'antenne de France Culture, de ne pas suffisamment donner la parole à de « vrais » experts pour discuter des sujets importants.

    Le nombre de « like » n'a aucune valeur dans le crédit que l'on doit accorder à une information. © Urupong, Adobe Stock
    Le nombre de « like » n'a aucune valeur dans le crédit que l'on doit accorder à une information. © Urupong, Adobe Stock

    Des impacts sur les soins proposés

    Actuellement, la seule piste de traitement existante, hormis l'exclusion définitive de l'aliment et les traitements pour gérer d'éventuels symptômes, c'est la désensibilisation. Cela consiste à sensibiliser petit à petit la personne allergique à la substance à laquelle elle est allergique. Ces protocolesprotocoles cliniques sont encore en cours d'études et semblent ne pas fonctionner de façon unanime. En revanche, les médias sociaux regorgent de promesses et de cures miracles pour faire disparaître les allergies alimentaires. 

    Le chercheur en profite pour préciser que « les tests actuellement vendus pour savoir à quel(s) aliments nous serions sensibles, et qui coûtent souvent très cher n'ont pas fait la preuve de leur prédiction ». Certaines branches de l'industrie médico-pharmaceutique surfent sur la science qui est en train de se faire. Et la science, qui se veut rigoureuse réclame du temps pour confirmer ou infirmer des résultats.

    Le docteur Stukus conclut son propos en prévenant d'éventuelles personnes atteintes d'allergies alimentaires : « Méfiez-vous des informations prétendument, et faussement, scientifiques, ainsi que des données choisies, des anecdotes personnelles et des mentions de célébrités payantes. Les chambres d'écho, où vous n'entendez que les opinions qui vous correspondent, doivent également être évitées. Si cela semble trop beau pour être vrai, il s'agit probablement d'un mythe, quel que soit le nombre de « like », de partages ou de retweet dont il dispose. » On le remarque, le propos est d'actualité, et cela vaut pour toutes sortes de thérapiesthérapies étranges. Prenez du recul, et demandez toujours conseil à un(e) professionnel(le) de santé.