Ils viennent de se faire vacciner contre la Covid-19 et expriment tous leur immense soulagement d'avoir enfin reçu la seconde injection du vaccin. Bien que ne faisant pas partie des publics prioritaires, les personnes greffées ou en attente de transplantation représentent une population hautement vulnérable. À Strasbourg, plus d'une centaine d'entre elles a pu être vaccinée.


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    « Cela va nous changer la vie. Au moins, je n'ai plus peur de mourirpeur de mourir. » À l'hôpital de Strasbourg, quelque 150 greffés du cœur ou malades en attente de transplantation ont reçu samedi leur deuxième dose de vaccin contre la Covid-19, un soulagement pour ces patients particulièrement vulnérables. « Quand on a été greffé du cœur, on a déjà failli mourir, alors mourir de la Covid derrière, ça serait bête », considère Cécile Vincent, le regard joyeux.

    « Là, je vais enfin pouvoir respirer et me dire que même si je l'attrape, je ne finirai pas en réanimation », poursuit la Mulhousienne de 46 ans, venue ce samedi matin jusqu'au Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg recevoir sa deuxième dose de vaccin. Greffée du cœur en 2014 à l'âge de 40 ans en raison d'une maladie génétique dégénérative, cette mère d'un enfant de 11 ans est restée chez elle « enfermée » du 1er mars au 10 juillet, puis de nouveau à partir d'octobre pour se protéger autant que possible d'une contamination à la Covid-19. « Si on est vacciné aussi vite, c'est grâce à l'équipe médicale », souligne, reconnaissante, Cécile Vincent, responsable de la vie associative à la ville de Mulhouse.

    Greffés du cœur ou en attente d'une greffe, les patients se succèdent dans trois salles de consultation chirurgicale pour recevoir leur injection de vaccin Moderna. « Nous avons organisé cela pour que les patients que nous suivons puissent être vaccinés le plus rapidement possible », explique le Dr Eric Epailly, praticien hospitalier, responsable médical du programme de transplantation cardiaque et cardio-pulmonaire aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). La première dose leur a été injectée le 23 janvier, un enjeu vital pour des patients contraints de prendre à vie des médicaments anti-rejet qui les fragilisent face aux infections.

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    Les personnes greffées ou malades, en attente de transplantation, ont entre 20 et 25 % de risque de mortalité. © Frederick Florin, AFP

    Ne plus vivre dans l'angoisse permanente…

    « S'ils attrapent ce virus, ils ont entre 20 et 25 % de risque de mortalité », souligne le Dr Epailly, à comparer avec les 0,4 % dans la population générale. « Ils vivent dans cette angoisse permanente. Ce sont des patients qui se sont auto-confinés » depuis le début de l'épidémie, ajoute le médecin.

    S'ils attrapent ce virus, ils ont entre 20 et 25 % de risque de mortalité  

    « Alors, ça va piquer... et voilà ». En quelques secondes, le Dr Epailly a vacciné Marc Neef, 56 ans. Depuis trois ans, ce cuisinier est sur une liste d'attente pour une greffegreffe cœur-poumon. « Tant que je n'aurai pas la greffe, c'est de la survie », explique cet homme qui respire à l'aide d'une machine. Épidémie ou pas, « je suis de toute façon plus ou moins confiné, je ne peux plus trop bouger », souffle-t-il. Mais le fait d'être vacciné pourrait apaiser les craintes de ses proches qui redoutent de le contaminer et lui permettre de revoir sa petite-fille. L'association Cardio-Greffes s'est occupée de contacter les personnes suivies par le service du Dr Epailly pour leur proposer de venir se faire vacciner au NHC. Quelques-unes ont refusé. « On est là pour donner un coup de main », explique Elisabeth Aehmig, surligneur à la main et liste des patients sous les yeuxyeux.

     

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    Appuyée sur sa canne colorée, Marie-Odile Schwaertzel, 70 ans, s'avance lentement vers le Dr Epailly. « La première fois, cela s'est bien passé, la deuxième, cela va bien se passer aussi », lui dit-elle, en relevant son pull. Greffée du cœur en 2012, puis d'un reinrein, elle sort tout juste de cinq semaines de radiothérapieradiothérapie après la découverte d'une tumeurtumeur sur son rein de naissance. Depuis le début de l'épidémie, elle ne sortait plus, ne voyait personne. « C'était dur, mais bon, c'est comme ça, qu'est-ce que vous voulez. (...) Maintenant, ça va, j'ai eu le deuxième (vaccinvaccin), je suis contente », dit-elle.

     

    Elle ressort de la salle avec un papier jaune indiquant l'heure de l'injection et doit désormais patienter quinze minutes avant de repartir, pour s'assurer de l'absence de réaction allergique. Le fait d'être vacciné « leur enlève une certaine anxiété, mais ils conserveront bien sûr les mesures barrières jusqu'à ce qu'on en ait fini avec ce virus », explique le Dr Epailly. Derrière son masque, Cécile Vincent n'a effectivement guère l'intention de baisser la garde. « Je vais continuer à faire attention pour protéger plus les autres que moi-même, remarque-t-elle. Et ça, ça change tout. »