Il est encore trop tôt pour savoir si la transfusion de plasma convalescent apporte un bénéfice comparé aux traitements conventionnels dans le cadre du Covid-19. Néanmoins, les essais cliniques en cours démontrent une bonne sécurité, c'est-à-dire l'absence d'effets secondaires graves. Détails avec Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris.


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    Plusieurs essais cliniques sont en cours actuellement en France afin de mesurer l'efficacité de la transfusion de plasma convalescent aux malades du Covid-19. Afin d'en savoir un peu plus sur l'avancement de ces essais, nous avons contacté Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris qui mène actuellement l'essai Coriplasm

    Un essai bien conçu 

    L'essai Coriplasm s'intègre dans un essai plus large appelé Corimuno. « C'est ce qu'on appelle un essai plateforme, c'est-à-dire que c'est comme une grande cohorte de patients qui sont inclus dans cette plateforme et, ensuite, en fonction de leurs caractéristiques cliniques, on les inclut dans divers essais, que l'on appelle des essais nichés », nous explique Karine.

    En effet, ces types d'essais sont novateurs et permettent de répondre mieux - surtout en temps de pandémie - au dilemme exploration-exploitation. « L'intérêt de ce type de méthodologie, qu'on appelle essais adaptatifs, c'est qu'on inclut des patients qui reçoivent ou non le traitement, donc c'est bien un essai contrôlé, et les patients qui ne reçoivent pas le traitement peuvent aussi être les contrôles des autres essais thérapeutiquesessais thérapeutiques. Cela permet de potentialiser le nombre de patients inclus et, surtout, lorsqu'un traitement se révèle plus efficace que les autres, ce traitement peut tout de suite devenir le traitement de référence », détaille Karine.

    De plus, cet essai suit une méthodologie internationale. « Dans le cadre des essais du Covid-19, on est assez contraint, c'est pourquoi par exemple, comme vous me le demandiez, la survie globale est un critère secondaire. On se base sur des standards méthodologiques dictés par l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé », développe Karine.

    L'essai Corimuno permet de mieux répondre au dilemme exploration-exploitation. © HalfPoint, Adobe Stock
    L'essai Corimuno permet de mieux répondre au dilemme exploration-exploitation. © HalfPoint, Adobe Stock

    Une thérapie sûre si elle se révèle efficace

    On sait, grâce à des essais antérieurs, que la thérapiethérapie de plasma convalescent fonctionne dans les maladies comme la rougeole mais pas du tout dans d'autres, comme Ebola. Concernant le SARS et le MERS qui sont des maladies proches du Covid-19, il existe un léger faisceau de preuves concernant cette thérapie. Aussi, grâce à des essais récents (des séries de cas pour la plupart), on sait qu'elle est « sécure » chez les patients atteints par le Covid-19. C'est ce que confirment les essais français en cours. « Il n'y a pas de signal de sécurité du médicament, c'est-à-dire, qu'on peut continuer l'essai, qu'il ne doit pas être arrêté pour des problèmes d'effets secondaires graves. Pour l'instant, tout se passe comme prévu », confirme Karine.

    Mais sur quelle base scientifique repose cette thérapie ? « Elle se base sur le transfert d'immunitéimmunité passive. C'est-à-dire que des patients font la maladie, en guérissent et développent, normalement, des anticorpsanticorps neutralisants. En transférant ce plasma, et donc ces anticorps, à une personne malade qui n'a pas encore développé d'immunité, cela aiderait à combattre plus facilement le virusvirus. Cela pourrait aussi être intéressant pour les personnes immunodéprimées qui n'ont souvent pas la capacité d'avoir une réponse immunitaireréponse immunitaire adéquate », suggère Karine. Pour les résultats, il faudra attendre encore quelque temps, les premiers sont attendus pour les mois qui viennent.

    Aussi, il y a une semaine, l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) a autorisé, dans des modalités très précises, le recours à cette thérapie pour les cas graves. « La décision de l'ANSM est basée sur deux choses. L'absence de signal de sécurité et les publications de série de cas dans la littérature scientifique qui témoignent du caractère "sécure" du traitement, même si sur le plan scientifique, ces preuves ne nous disent pas si ce traitement marche. »

    La transfusion de plasma convalescent est « sécure ». © Belish, Fotolia
    La transfusion de plasma convalescent est « sécure ». © Belish, Fotolia

    Comment donner son sang ?

    Toute personne répondant aux critères et pensant avoir eu le Covid-19 peut écrire un email à l'Établissement français du sang (EFS) de sa région en décrivant ses symptômessymptômes et en spécifiant depuis combien de temps ceux-ci sont terminés. Elle sera contactée directement par l'EFS. Le don dure entre 30 et 40 minutes, sur rendez-vous, et est aussi confortable qu'un don de sang. Bien évidemment, les personnes peuvent donner toutes les deux semaines. Pour savoir si vous êtes en mesure de donner, vous pouvez consulter ce document de l'EFS.