Les coiffeuses, les esthéticiennes et les comptables font partie des professions qui peuvent être associées à un risque accru de cancer de l'ovaire selon une nouvelle étude canadienne. Les chercheurs déplorent par ailleurs le faible nombre de recherches sur le cancer féminin lié au milieu professionnel.


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    Une nouvelle étude intitulée Environnement professionnel et risque de cancer de l'ovaire suggère que l'exercice de certaines professions ainsi que des expositions professionnelles à des agents spécifiques peuvent être associés à des risques accrus de ce type de cancer. Si vous travaillez comme coiffeuse, esthéticienne ou encore comptablecomptable, vous êtes exposées à davantage de risques que dans un autre secteur. De plus, les femmes qui travaillent dans des milieux tels que la vente, le commerce de détail, l'habillement et la constructionconstruction peuvent être touchées par ce problème à cause d'une exposition cumulative élevée à des agents chimiques.

    Des lacunes à combler

    La présente recherche tente de combler le manque de représentation des femmes dans les études sur le cancer professionnel. « En excluant les femmes, nous manquons l'occasion d'identifier les facteurs de risque de cancers spécifiques aux femmes, d'évaluer s'il existe des différences de risque spécifiques au sexe et d'étudier les expositions survenant dans les professions principalement occupées par des femmes », expliquent les chercheurs.

    Tandis que les études précédentes n'ont pas suffisamment tenu compte des antécédents professionnels des témoignages féminins recueillis, celle-ci a recueilli des informations sur l'historique de la vie professionnelle, ainsi que sur d'autres facteurs pouvant influencer les résultats (antécédents sociodémographiques et médicaux, etc.). Les chercheurs se sont également attachés à la duréedurée de l'emploi ou du secteur d'activité considéré (moins ou plus de dix années). Menée à Montréal entre 2011 et 2016, l'étude a inclus 491 cas de cancer de l’ovaire et 897 témoins sans cancer.

    En excluant les femmes, nous manquons l'occasion d'identifier les facteurs de risque de cancers spécifiques aux femmes

    Les résultats ont mis en évidence des facteurs de risque potentiels pour la maladie, à savoir un niveau d'éducation inférieur, une utilisation plus récente de contraceptifs oraux, et moins ou pas d'enfants. Ces facteurs s'ajoutent aux antécédents familiaux de cancer de l'ovaire et aux mutations génétiques. « Travailler pendant au moins 10 ans comme coiffeur, barbier, esthéticien ou dans la construction était associé à un risque trois fois plus élevé, tandis que travailler pendant au moins 10 ans dans la comptabilité était associé à un risque doublé », résument les auteurs de l'étude.

    En France, environ 4 400 nouveaux cas de cancer de l’ovaire sont diagnostiqués chaque année, occasionnant à peu près 3 000 décès, ce qui en fait la quatrième cause de décès par cancer chez la femme, après les cancers du sein, du côlon et du poumon. © nerthuz, Adobe Stock
    En France, environ 4 400 nouveaux cas de cancer de l’ovaire sont diagnostiqués chaque année, occasionnant à peu près 3 000 décès, ce qui en fait la quatrième cause de décès par cancer chez la femme, après les cancers du sein, du côlon et du poumon. © nerthuz, Adobe Stock

    Le risque de l’exposition à des agents cancérogènes pendant le travail

    La deuxième dimension de l'environnement professionnel concerne les expositions à des agents spécifiques tels que l'amianteamiante (classé comme « cancérogène pour l'humain » par le Centre international de recherche sur le cancer), le talc, l'ammoniaqueammoniaque, le peroxyde d'hydrogèneperoxyde d'hydrogène, les fibres synthétiques, les colorants et pigments organiques, les produits contenus dans l'essence et les agents de blanchiment. Résultat : une exposition cumulative élevée (au moins 8 ans) à ces agents majorait de plus de 40 % le risque de cancer de l'ovaire, par rapport à une non exposition.

    Les coiffeuses, les esthéticiennes et les professions assimilées représentaient les métiers les plus fréquemment exposés à 13 agents en particulier. Les chercheurs précisent que l'on ne sait pas si ces associations sont dues à un seul agent, à une combinaison d'agents ou à d'autres facteurs liés au lieu de travail.

    Les auteurs reconnaissent quelques limites à leur recherche, notamment le fait que certaines professions ont été sous-représentées (secteurs papier, imprimerie, production textile, nettoyage à sec, fabrication), de même que l'exposition à l’amiante et aux pesticidespesticides. Le nombre d'analyses était parfois faible, ce qui nécessitera une répétition dans d'autres études.