Sur les recommandations du Haut Conseil de la santé publique, un décret vient d'entrer en vigueur concernant la liste des personnes fragiles pour cette rentrée. Certains diabétiques en sont absents alors même que le seul diabète est un facteur de risque indépendant d'hospitalisation ou de décès par la Covid-19. 


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    Dans sa chronique quotidienne intitulée « Les diabétiques de Schrödinger », le médecin et écrivain Christian Lehmann s'offusque du retrait de considération de certaines affections pathologiquespathologiques de la liste des personnes vulnérables pouvant bénéficier jusque-là d'un certificatcertificat d'isolement. En effet, le décret en question ne concerne plus que quelques affections lourdes particulières. Dans son texte, le médecin se concentre sur les diabétiques, et pour cause : ils restent dans la liste à condition d'avoir 65 ans et plus et de souffrir d'obésité ou de complications cardiovasculaires. Pourtant, comme le rappellent deux études d'observations parues récemment dans la revue The Lancet, le diabète de type 1 ou de type 2 est bien un facteur de risque sérieux et indépendant de se voir hospitaliser ou mourir à cause d'une infection au SARS-CoV-2SARS-CoV-2.

    Le diabète de type 1 ou de type 2 est bien un facteur de risque sérieux et indépendant de se voir hospitaliser ou mourir à cause d'une infection au SARS-CoV-2. © andriano_cz, Adobe Stock
    Le diabète de type 1 ou de type 2 est bien un facteur de risque sérieux et indépendant de se voir hospitaliser ou mourir à cause d'une infection au SARS-CoV-2. © andriano_cz, Adobe Stock

    Le diabète : un facteur de risque indépendant

    Dans deux grandes récentes études d'observations sur la population anglaise, le risque de mortalité pour les personnes diabétiques est accru. Dans la première étude, publiée le 13 août 2020, qui scrute les données uniquement concernant la population diabétique atteinte de la Covid-19Covid-19, il est constaté que le diabète de type 1 et celui de type 2 sont des facteurs de risque indépendants, et que le contrôle glycémique est aussi un facteur de risque supplémentaire. Dans la seconde, les chercheurs font une analyse rigoureuse en prenant en compte la population globale. Les deux types de diabète sont associés, de façon indépendante, à un risque de mortalité supérieur allant de 75 à 218 %.

    Comment le Haut Conseil de la santé publique justifie sa recommandation ?

    Pourtant, nous l'avons dit, ce décret se base entre autres sur les recommandations du HCSP. Que trouve-t-on dans ces recommandations ? Par exemple, le fait que l'environnement personnel ne représente pas vraiment plus de risque que l'environnement professionnel. Mais en fait, tout dépend fortement du lieu de vie de la personne concernée et de son environnement de travail. De plus, les personnes diabétiques sont exclues sur la base d'avis des réanimateurs et non de données publiées, ce qui laisse un peu à désirer.

    Pour Christian Lehmann, c'est du « foutage de gueule ». Il développe : « l'avis final concerne les diabétiques de plus de 65 ans. À ce niveau-là, je n'ai pas la patience de distinguer l'onanisme intellectuel rétrospectif des coupables qui vont essayer de refiler la patate chaude. L'absence de prise en compte des insuffisants respiratoires suffit à condamner ce décret entièrement sans entrer dans les détails de qui a pensé quoi. »