Les coureurs dépensent une énergie phénoménale durant les 21 étapes du Tour de France. Ils vont ainsi perdre environ 40 kilos de graisse sur toute la durée de la course ! Une déperdition d’énergie qu’il faut bien compenser par la nourriture.


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    La 17e étape du Tour de France 2021 a des allures de défi impossible. Dès le 70e kilomètre commence une lente ascension jusqu'à Bagnères-de-Luchon, avant un enchaînement de trois cols à plus de 1.500 mètres d'altitude, avec à peine un ou deux kilomètres de plat entre chaque ascension, pour terminer avec un finish de 16 kilomètres à 8,7 % de pente. Et pas le temps de se reposer : dès le lendemain, le col du Tourmalet et ses 2.115 mètres attendent les coureurs au 94e kilomètre.

    Avec ces 21 étapes et ses 23 jours de course, le Tour de France n'est décidément pas une partie de plaisir. Et pour ne pas flancher au milieu d'une ascension, mieux vaut avoir pris un solidesolide petit déjeuner. Depuis plus de 20 ans, John Eric Goff, chercheur en physiologie du sport à l'université de Lynchburg aux États-Unis passe chaque étape du Tour au peigne fin. En analysant le relief et la vitessevitesse des coureurs, il parvient à prédire l'heure d'arrivée avec une précision diabolique. Mais il s'est surtout amusé à calculer le nombre de calories dépensées par un coureur sur l'ensemble de la course 2020.

    La puissance d’un micro-ondes dans les jambes

    « Un cycliste normal produit environ 250 à 300 wattswatts d'énergieénergie en 20 minutes », explique le chercheur. Les professionnels du Tour peuvent eux monter jusqu'à 400 watts, voire 1.000 watts lors d'une montée abrupte. « C'est à peu près la puissance d'un micro-ondes », compare John Eric Goff sur le site The Conversation. Mais toute cette énergie n'est malheureusement pas utilisée pour déplacer le vélo vers l'avant, en raison de la résistancerésistance de l'airair et du frottement des roues. En tenant compte de ces « pertes », le cycliste moyen doit produire un effort de 325 watts en continu sur les 80 heures de course (rappelons-nous qu'un cycliste moyen ne produit pas plus de 300 watts sur 20 minutes).

    Sur certaines étapes du Tour, les cyclistes peuvent brûler jusqu’à 8.000 calories. © filip bossuyt, Flickr
    Sur certaines étapes du Tour, les cyclistes peuvent brûler jusqu’à 8.000 calories. © filip bossuyt, Flickr

    220 Big Mac ou 431 pains au chocolat

    En partant d'une efficacité musculaire moyenne de 20 % (c'est-à-dire la quantité d'énergie alimentaire transformée en énergie physiquephysique), John Eric Goff a pu calculer la quantité de nourriture que devait ingérer un coureur pour gagner (ou du moins finir !) le Tour de France. Verdict : 120.649 calories, soit environ 5.745 calories par étape. Ce qui correspond au total à environ 220 Big MacMac à 550 calories, ou encore 431 pains au chocolat à 280 calories. « Pour certaines étapes, comme la 17e du parcours 2021, la dépense énergétique peut grimper à 8.000 calories, ajoute le chercheur. Durant les trois semaines de course, un coureur va ainsi brûler environ 40 kilos de graisse. »

    Voir aussi

    Comment sont calculées les dépenses caloriques d'un sport ?

    Barres énergétiques et pâtes de fruits

    Le problème, c'est que les coureurs sont plutôt du genre gringalets, histoire de ne pas se plomber avec des kilos en trop. Le vainqueur du Tour 2020, le Slovène Tadej Pogačar, ne pèse ainsi que 66 kilos. Julian Alaphilippe, le chouchouchouchou français, affiche, lui, 62 kilos tout nu sur sa balance. Les réserves en graisse sont donc quasi nulles.

    Afin de compenser les colossales pertes d’énergie et malgré un solide petit déjeuner pris avant le départ (souvent constitué de riz, d'omelette, de pommes de terrepommes de terre ou de jambon), les coureurs doivent donc ingérer des calories en continu. Naturellement, ils ne vont pas s'empiffrer de Big Mac ou de pains au chocolat. Leur apport énergétique est plutôt constitué de sucres rapides, comme des barres énergétiques, des « gelsgels » sucrés, ou des pâtes de fruits. « On leur conseille de manger toutes les 20 à 30 minutes », explique au Point Laurie-Anne Marquet, nutritionnistenutritionniste de l'équipe Cofidis. « On peut également faire varier la quantité de glucides heure par heure, selon le format de la course ». Sur le Tour, la moindre défaillance peut être fatale.