Une étude vient de mettre en lumière le fait que des rats peuvent être sélectionnés pour devenir, après plusieurs générations, hyperactifs ou au contraire puissamment paresseux. Après comparaisons de différents paramètres, les auteurs ont trouvé 36 gènes potentiellement à l’origine du manque de goût à l’effort de certains rongeurs…

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    Aux États-Unis, l'obésité est un gros problème de santé publique puisqu'elle touche un Américain sur trois. À cela, il faut ajouter un autre tiers de la population, victime de surpoids. Une surcharge pondérale qu'on pourrait (modestement) limiter si chacun acceptait de pratiquer une activité physique durant 30 minutes par jour, comme le préconisent les recommandations officielles. Pourtant, 97 % des Américains ne remplissent pas ce contrat.

    Mais avant de leur jeter la pierre, penchons-nous sur une étude réalisée par des scientifiques de leur pays, qui viennent peut-être de trouver à certains une excuse : la paresse à l'effort pourrait avoir une cause génétique. C'est bien au conditionnel qu'il faut parler, car cette recherche, publiée dans un article de l'American Journal of Physiology, reste très préliminaire et surtout n'a été menée que sur des rats. On évitera donc de transposer trop vite à l'espèceespèce humaine.

    Tout commence dans les cages des laboratoires de l'université du Missouri. Différents rongeursrongeurs ont fait un peu d'exercice. Durant six jours, les chercheurs ont mesuré les tours de roue de chacun des animaux. Puis, ils ont entamé une phase de sélection artificiellesélection artificielle : les 26 rats les plus actifs se sont reproduits entre eux, et il en a été de même entre les 26 plus feignants.

    Certains rats sont plus enclins que d'autres à courir... ou à dormir. Cela tiendrait aux gènes. © Mayoofka, deviantart.com, cc by sa 3.0

    Certains rats sont plus enclins que d'autres à courir... ou à dormir. Cela tiendrait aux gènes. © Mayoofka, deviantart.com, cc by sa 3.0

    Dix générations de rats paresseux, 36 gènes impliqués

    Le processus a été répété dix fois en tout. À l'échelle de cette espèce, cela a été suffisant pour constater que les descendants des rongeurs sportifs courent dix fois plus dans leur roue que les animaux issus des rats fainéants. Le goût pour l'activité physiquephysique a donc été transmis de génération en génération.

    En parallèle, des mesures ont été effectuées sur les rongeurs pour déterminer si la nature de ce facteur était mitochondriale, corporelle ou génétique. Pour les deux premiers paramètres, il existe très peu de variations entre les deux lignées de rongeurs. En revanche, des analyses précises par séquençage profond de l'ARN révèlent la présence de 36 gènes susceptibles d'expliquer les différences de comportements d'un groupe à l'autre. Parmi eux, trouve-t-on le ou les gènes de la paresse chez le rat ? Les chercheurs ont d'ores et déjà annoncé qu'ils allaient s'intéresser à ces séquences génétiques une à une, pour déterminer leurs effets sur la motivation à l'effort.

    Quant à une éventuelle correspondance chez l'Homme, elle est probable, mais il est encore bien trop tôt pour l'affirmer. Cependant, s'il s'avérerait que notre espèce possède également des prédispositions à la paresse. Une telle étude permet d'entrevoir une explication partielle au manque d'envie de se mettre au sport de certains patients atteints d'obésitéobésité. Et peut-être de trouver des solutions plus adaptées pour limiter leur prise de poids, ou favoriser la perte des kilos superflus.