L’Anses vient de publier les résultats d’une longue étude sur l’alimentation des enfants de moins de trois ans en France (« EAT infantile »), avec des analyses de produits et des études sur les habitudes des familles. Conclusions : le lait de vache ne convient pas aux nourrissons et les préparations pour bébés sont globalement de bonne qualité. Cependant, neuf substances (métaux lourds, arsenic, PCB…) sont considérées comme « préoccupantes ».

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    Comment se nourrissent les Français ? Depuis 2000, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) se penche sur la question, du côté des produits mis sur le marché et également du côté des habitudes alimentaires et des modes de préparation : ce sont les EAT, études alimentaires totales. En 2006, l'EAT 2 a évalué les expositions de la population à des substances chimiques, comme les résidus de produits phytosanitairesproduits phytosanitaires, les additifs ou divers polluants présents dans l'environnement. L'agence vient de rendre publics les résultats de la troisième, l'EAT infantile, démarrée en 2010, et qui, pour la première fois, vise les enfants de moins de trois ans.

    La méthodologie, méticuleuse, est exposée dans la vidéo ci-dessous. L'Anses a établi une liste de 5.500 produits du commerce, réalisé 400 échantillons et mis au point un certain de protocolesprotocoles originaux. Des études ont été faites pour connaître les modes de préparation des familles. Le travail a ainsi permis d'évaluer assez précisément la manière dont sont nourris les petits Français. Selon l'Anses, l'étude couvre 97 % du régime alimentaire des enfants de moins de trois ans.

    Globalement, tout va bien : « les résultats de l'EAT infantile confirment le bon niveau de maîtrise des risques sanitaires associés à la présence potentielle de contaminants chimiques dans les aliments. En effet, pour 90 % des 670 substances évaluées, le risque peut être écarté ». L'agence repère cependant 16 substances pour lesquelles un risque est possible et dont les quantités devraient être réduites.


    La méthode et les résultats de l'étude EAT infantile, menée par l'Anses entre 2010 et 2016. © Anses

    Neuf produits préoccupants

    Parmi elles, 9 sont considérées comme « préoccupantes ». Ce sont celles « pour lesquelles un nombre non négligeable d'enfants présente une exposition supérieure aux valeurs toxicologiques de référence ». Les voici :

    • arsenicarsenic inorganique, présent dans les céréalescéréales infantiles et le riz ;
    • plombplomb, apporté principalement par les légumes et l'eau ;
    • nickelnickel, dont la source serait le chocolat ;
    • PCDD/F, c'est-à-dire les dioxines, comprenant les polychlorobenzodioxines (PCDD) et les polychlorodibenzofuranes (PCDF) et venant surtout du lait et des poissonspoissons, mais avec des teneurs très faibles ;
    • PCB, ou polychlorobiphénylespolychlorobiphényles (longtemps appelés pyralènepyralène), observés « à des niveaux très bas », qui proviennent des poissons ;
    • mycotoxines TT-2 & HTHT-2, trouvées dans des préparation en pots pour bébés ;
    • acrylamide, qui se forme durant la cuisson à hautes températures d'aliments riches en amidon et leur conférant la couleurcouleur brune (exemple : le pain grillé) ;
    • déoxynivalénol (DON) et ses dérivés, trouvés dans les pots de fruits ou de légumes, dans les boissons lactées à base de céréales et les biscuits, notamment ;
    • furane, dans les produits en pots ou en conserve.

    Pas de lait de vache pour les nourrissons

    Après ces constats, l'Anses émet des recommandations, à destination des scientifiques, sur les recherches à mener, ainsi que vers les pouvoirs publics et les industriels, pour identifier les sources des produits préoccupants et pour en réduire les doses par la réglementation ou par des moyens techniques.

    Pour les particuliers, l'Anses rappelle que le lait de vachevache, ou de n'importe quelle espèceespèce animale, ne convient pas aux enfants de moins d'un an. L'étude montre en effet qu'un certain nombre de familles, souvent pour des raisons financières, préfèrent donner le même lait à toute la fratrie. Avant six mois, expliquent les auteurs, l'alimentation ne doit pas être diversifiée. Après cet âge, il faut en revanche varier le régime alimentaire.