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    Si le vin du Médoc tisse une relation privilégiée avec les graves ou cailloux, qui réussissent particulièrement bien au cabernet-sauvignon, c'est un calibre plus gros, le galet, qui marque le terroir de Châteauneuf-du-Pape.

    Les vignes de Châteauneuf-du-Pape. © Jean-Louis Zimmermann, CC BY 2.0

    Les vignes de Châteauneuf-du-Pape. © Jean-Louis Zimmermann, CC BY 2.0

    Une vigne cultivée depuis 1300

    Sur cette colline qui domine le Rhône, une quinzaine de kilomètres en amont d'Avignon, la vigne est cultivée depuis l'installation du pape Jean XXII sur le site au début des années 1300, un pape français, natif de Cahors, qui s'y connaissait en vins. La colline de sa résidence d'été, Châteauneuf-du-Pape, est taillée pour la vigne. Sa base est calcairecalcaire, déposée par une mer antique, surmontée d'une couche généreuse de sablesable, coquillages et argilesargiles en provenance des Alpes naissantes qui se soulèvent au nord-est, il y a une dizaine de millions d'années.

    Les régions viticoles du Rhône. © DalGobbom GNU 1.2

    Les régions viticoles du Rhône. © DalGobbom GNU 1.2

    Les torrentstorrents qui descendent de ces hautes montagnes vont napper le tout de galets riches en quartzquartz, galets qui vont continuer à s'entrechoquer et à développer de belles rondeurs à mesure que baisse le niveau marin et la ligne de rivage, battue par les vaguesvagues. Les vignes de Châteauneuf-du-Pape prennent aujourd'hui racine dans ce matelas de gros galets aux teintes fauves, sans sol apparent, qui recouvre les pentes. Non seulement tout orageorage voit son eau immédiatement évacuée à travers ce filtre à gros calibre, mais les galets emmagasinent lentement la chaleur tout au long de la journée et la restituent la nuit sous forme de rayonnement infrarouge, agissant en véritables radiateursradiateurs et poursuivant le murissement du raisinraisin.

    L’extraordinaire terroir de Châteauneuf-du-Pape, constitué d’une mer de galets siliceux, polis par les vagues d’une mer antique. © C. Frankel

    L’extraordinaire terroir de Châteauneuf-du-Pape, constitué d’une mer de galets siliceux, polis par les vagues d’une mer antique. © C. Frankel

    Syrah, mourvèdre... les 13 cépages de Châteauneuf-du-Pape

    Ce raisin, qui apprécie la chaleur méditerranéenne et le terroir rocailleux, c'est principalement le grenache (70 % de l'assemblage), secondé par le mourvèdre, le cinsault et la syrah, et par d'autres cépages encore, à doses homéopathiques, l'appellation Châteauneuf-du-Pape autorisant jusqu'à treize cépages différents dans l'assemblage de ses crus. Nul doute que reconnaître les subtiles variations de terroir dans un tel mélange de raisins qui varie d'un domaine à l'autre, relève de l'impossible. Mais cela n'empêche pas, en débouchant un Châteauneuf-du-Pape, d'entendre le ressac des vagues sur les galets...