au sommaire


    La vallée de l'Oisans

    La vallée de l'Oisans

    L'Oisans, en Isère est depuis la fin du XVIIIème siècle un paradis pour les minéralogistes. De nombreux gisementsgisements s'y trouvent et produisent des spécimens remarquables.

    Quartz - Mine de la Gardette - Le Bourg d'Oisans, Isère - Collection J.Duarte - Reproduction et utilisation interdites © Photo : Louis-Dominique Bayle - Revue Le Règne Minéral

    Quartz - Mine de la Gardette - Le Bourg d'Oisans, Isère - Collection J.Duarte - Reproduction et utilisation interdites © Photo : Louis-Dominique Bayle - Revue Le Règne Minéral

    Citons la mine d'or de La Gardette, exploitée dès 1781, qui n'a jamais produit beaucoup d'or mais qui, par contre, a produit de fantastiques spécimens de quartzquartz, parmi les meilleurs au monde. Les cristaux de quartz sont parfois maclés à 84°33, en maclemacle dite de La Gardette. Cette macle a été décrite pour la première fois à partir de spécimens de cette mine par Weiss en 1829, puis réétudiée par Des Cloizeaux vers la fin du XIXème siècle. Cette mine a produit également de gros cristaux de chalcopyrite, de la brannérite, de l'aïkinite, de la sidérite, des spécimens d'or, etc.

    Quartz à ame - Vallon de Fournel/ Le Freney d'Oisans, Isère - Collection Y.Masson - Reproduction et utilisation interdites © Photo : Jeff Scovil

    Quartz à ame - Vallon de Fournel/ Le Freney d'Oisans, Isère - Collection Y.Masson - Reproduction et utilisation interdites © Photo : Jeff Scovil

    A La Gardette, des travaux sont effectués vers 1990, l'objectif étant d'ouvrir une faille dans le secteur dit du « grand puit ». Il faudra plusieurs mois de préparation pour réunir les hommes et le matériel, puis effectuer la montée de celui-ci à dosdos d'homme. Le dépilement du « grand puit » commence par les deux côtés début janvier 1990. Le filonfilon y est rectiligne sur plusieurs mètres et se révélera sans poche, puis une fissure importante sans glaise est enfin rencontrée. Une des premières découvertes fut une belle macle. Puis il se présentait une pièce flottante de grande taille (au moins un mètre de diamètre), totalement recouverte de cristaux, un buisson de pointes de quartz limpide ! Cette pièce trône dans une vitrine particulière au musée de Bourg d'Oisans, qui en a fait l'acquisition, avec une importante série de spécimens de cette découverte. Une découverte plus importante en nombre de spécimens se fit de l'autre coté du puit, plus bas. La fissure vidée fit 7/8 mètres de longueur et se trouvait 17 mètres plus bas que le point de départpoint de départ. Beaucoup de spécimens étaient tombés au fond de la fissure, détaché naturellement des parois (par les mouvements tectoniques lors de la fin de formation de la fissure), très abîmés par la chute, au milieu d'une importante quantité d'aiguilles de quartz.

    Prehnite - Combe de la Selle,Saint-Christophe en Oisans, Isère - Collection P.Guiguet-Bologne - Reproduction et utilisation interdites © Photo : Louis-Dominique Bayle - Revue Le Règne Minéral

    Prehnite - Combe de la Selle,Saint-Christophe en Oisans, Isère - Collection P.Guiguet-Bologne - Reproduction et utilisation interdites © Photo : Louis-Dominique Bayle - Revue Le Règne Minéral

    Une autre mine historique d'Oisans est la mine des Challanches, exploitée à partir de 1767 jusqu'à la fin du XVIIIème siècle. Dix tonnes d'argent y ont été extraites, ce qui somme toute en fait un petit gisement, mais le mineraiminerai y était concentré et donc l'exploitation fut très rentable. Environ soixante espècesespèces de minérauxminéraux y ont été découvertes. Un oxyde d'antimoine y a été identifié pour la première fois en 1783 par Mongez et nommé valentinite, ainsi qu'une association particulière de deux substances : un minéralminéral, le stibarsen (AsSb hexagonal) et un élément natif, l'antimoine. Cette association est nommée allemontite, d'après le village d'Allemond dans la vallée.

    D'autres gisements en Oisans ont été la source de premières descriptions. Citons la découverte de l'épidote au Cornillon en 1782, celle de l'axinite vers 1780/81 à la Balme d'Auris, de l'anatase en 1783, remarqué par De Bournon au filon de Font-Poulain, commune de Maronne, également co-localité type avec Chamonix pour la titanite décrite par Pictet en 1787, de la brookite au Plan du Lac, co-localité type avec un gisement du Royaume Uni, Tremadog.

    On ne peut oublier en Oisans les remarquables spécimens de préhnite de la Rivoire (Mont de Lans) et de la combecombe de la Selle. Romé de l'Isle décrit la préhnite en 1783 suite à une découverte de De Bournon, et Haüy dans sa "Minéralogie ", publiée en 1801, évoque les spécimens découverts par Schreiber à la Rivoire en 1782. La préhnite est associée à l'actinolite, cette dernière l'englobe d'ailleurs très souvent et qu'il faut « brosser » les spécimens pour laisser apparaître la préhnite, parfois également à l'épidote, généralement ici vert très clair à jaunâtre, à l'adulaire, et curieusement à des inclusions massives de galène dans la gangue amphibolitique. Les meilleurs spécimens de ce site ont leur place dans le « best off » de la minéralogie mondiale, par leur forme caractéristique et si particulière, et leur excellente couleur.

    Ferro-axinite - Le rocher d'Armentier, Oisans, Isère - Collection Eric Asselborn © Photo : Jeffrey Scovil - Reproduction et utilisation interdites

    Ferro-axinite - Le rocher d'Armentier, Oisans, Isère - Collection Eric Asselborn © Photo : Jeffrey Scovil - Reproduction et utilisation interdites

    En 1988, le gisement du Rocher d'Armentier, autre lieu mythique de la minéralogie, est redécouvert notamment par Roland Chincholle et ses coéquipiers. Ils vont exploiter le gisement avec des conceptions modernes quant à la collecte : ne sortir que des spécimens parfaitement intacts. Une galerie d'une trentaine de mètre fut creusé dans la roche mère, l'amphiboliteamphibolite, qui, fissurée à cet endroit, à permis aux cristaux d'axinite de se former. L'utilisation de moyens mécaniques (perforateur) et d'explosif (micro-charges) fut indispensable pour révéler au grand jour les merveilleux cristaux. Ceux-ci sont maintenant en sécurités et visibles aussi bien dans de nombreuses collections publiques que dans de multiples collections privées.

    Ilmenite - Le Plan du Lac, Saint-Christophe en Oisans, Isère - Collection Eric Asselborn © Photo : Jeffrey Scovil - Reproduction et utilisation interdites

    Ilmenite - Le Plan du Lac, Saint-Christophe en Oisans, Isère - Collection Eric Asselborn © Photo : Jeffrey Scovil - Reproduction et utilisation interdites

    A l'entrée de l'Oisans, près de la commune de Vizille, le lieu dit « Les Rivoirands », des filons de quartz affleure non loin d'une ancienne mine de sidérite (dite de « Pierre Rousse »). Ces filons, exploités par des passionnés pour leur minéralogie depuis la fin des années 1970, ont produit des spécimens remarquables : larges plaques de quartz (certes souvent un peu jaunâtres par les oxydes de ferfer), cristaux avec habitushabitus « muzo », spécimens avec macle dite de La Gardette, cristaux sceptres, voire encore plus exeptionnel, macle de La Gardette avec extrémités sceptrées !

    Ces filons sont généralement très riches en sidérite altérée, un gros travail de préparation des spécimens collectés est necessaire pour enlever cette substance et rendre présentable les découvertes. Des spécimens de sidérite bien cristallisés ont toutefois été trouvé, parfois associé à de l'ankérite, de la bournonite et à de la sphalérite.

    Non loin de là, la mine de Jouchy, sur la commune de Saint-Pierre de Mésage, a produit vers 2002/2003 d'excellents spécimens de sidérite, miels, associés également à la bournonite, à des quartz à âme (dont un exemplaire de 14,5 par 12,5 cm !) et de manière anecdotique à l'apatite rose. De même, à proximité, la galerie « Fontfraîche » a fourni d'excellents cristaux de dolomite et de pyritepyrite sur dolomite.