Habitus : qu'est-ce que c'est ?

Parmi les caractéristiques qui définissent un minéral, il y a la formule chimique, la couleur, la dureté par exemple, mais surtout la forme cristalline. Celle-ci repose sur la façon dont sont organisés les éléments chimiques au sein du réseau cristallin. Cette organisation atomique va, au premier ordre, définir sept systèmes différents :

• triclinique ;
• monoclinique ;
• orthorhombique ;
• tétragonal ;
• rhomboédrique ;
• hexagonal ;
• cubique.

Toutes les formes minérales cristallisées appartiennent ainsi à l’un ou l’autre de ces systèmes cristallins. Cependant, les cristaux peuvent présenter des variations de forme cristalline au sein d’un même système. C’est le cas de la pyrite et du diamant, qui appartiennent tous deux au système cubique. Mais alors que la pyrite cristallise habituellement sous forme de cube, le diamant prend la forme d’octaèdres.

De multiples formes possibles pour un même système cristallin

De même, un minéral peut présenter des formes cristallines diverses, tout en étant soumises aux conditions du système cristallin auquel il appartient. S’il existe une certaine variété de formes cristallines que peut prendre un minéral, il y a cependant une forme qui sera plus fréquente que les autres. On désigne cette forme comme l’habitus du minéral. Il s’agit, en quelque sorte, de la morphologie la plus caractéristique d’un minéral.

Différents habitus pour différents minéraux ici associés : quartz fumé, grenats (minéraux rouges globuleux) et feldspaths (minéraux blancs). © Géry Parent, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

Il s’agit donc d’un critère d’observation important pour déterminer la nature d’un cristal. L’habitus représente cependant une forme idéale, qui n’est pas forcément toujours vérifiée dans la nature. La forme du cristal dépend en effet grandement des conditions de croissance du minéral lors de sa cristallisation. La croissance peut se retrouver entravée par manque de place, produisant ainsi des cristaux irréguliers ou à la forme incomplète.

Dans certains cas, l’habitus peut permettre de caractériser une variété bien précise d’un minéral, associé à un gisement donné. C’est le cas par exemple des saphirs du Montana, qui présentent une forme tabulaire, alors que tous les autres se présentent sous la forme de cristaux allongés comme des tonneaux.

Différentes catégories d’habitus

Les habitus peuvent se diviser en quatre grandes catégories :

• les agrégats : certains minéraux ont la particularité de cristalliser en formant des amas de fines aiguilles (comme le rutile), de prismes (comme la calcite ou le gypse), d’arborescences (comme le cuivre natif), de fibres (comme l’amiante), de lamelles (comme les micas), de lentilles (les célèbres roses des sables de gypse)…

Natrolite cristallisant sous forme d'agrégats de fines aiguilles. © Didier Descouens, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

• les habitus asymétriques ou irréguliers : les cristaux peuvent également se présenter sans forme précise dans certains cas, formant des ensembles massifs ou compacts (comme la turquoise) ou nodulaire (comme l’agate).
• les habitus symétriques : il s’agit des formes géométriques plus classiques, typiques d’une cristallisation complète et sans entrave, comme la forme cubique (fluorite, pyrite, halite), en prisme hexagonal (émeraude, quartz), prismatique (tourmaline, béryl)…

Cristal prismatique de tourmaline. © Didier Descouens, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

• les habitus sphériques ou arrondis : enfin, certains minéraux peuvent cristalliser en formant des sphères qui se présentent sous forme de grappes (calcédoine), de mamelles (malachite) ou de masse globuleuse.