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Les propriétaires de chiens l'ont déjà remarqué : leurs compagnons à quatre pattes choisissent parfois méticuleusement leur position avant de déféquer. L'orientation donnée à leur corps ne doit alors rien au hasard, comme vient de le démontrer une étude supervisée par Hynek Burda de l'université Duisbourg-Essen, en Allemagne. Ces mammifères se soulagent préférentiellement en s'alignant selon un axe nord-sud !
Pour le déterminer, les scientifiques ont étudié 70 chiens de 37 races différentes pendant qu'ils urinaient (5.582 observations) ou déféquaient (1.893 observations), le tout sur une période de deux ans. À chaque soulagement, la date, l'heure et le lieu choisi par les canidés ont été scrupuleusement notés, tout comme l'orientation de leur corps et leur connaissance du milieu exploré. Ces données ont ensuite été utilisées pour rechercher des tendances à l'aide de statistiques circulaires, mais sans grand succès.
C'est alors que les chercheurs ont eu une idée : tenir compte des fluctuations des caractéristiques du champ magnétique terrestre en un lieu donné et au moment des observations (intensité et inclinaison des lignes de champ). Or, plusieurs observatoires enregistrent ces variations dans le monde. Ils produisent donc des magnétogrammes, que certains mettent gratuitement à la disposition du public. C'est alors que la surprise, présentée dans Frontiers in Zoology, est apparue : les chiens sont des mammifères magnétosensibles !
Si le champ magnétique terrestre est dans une période calme, ce chien est probablement aligné selon un axe nord-sud ! © merfam, Flickr, cc by 2.0
Une sensibilité envers les lignes de champ magnétique
Autre découverte majeure : le comportement des chiens est prévisible en fonction des fluctuations naturelles du champ magnétique terrestre en un point donné, à un moment donné. Ainsi, ils ne s'alignent pour déféquer que lorsque le champ est stable, soit durant environ 20 % de la duréedurée d'une journée. Sinon, aucune règle ne prédomine. Les chercheurs sont alors allés plus loin, en identifiant le paramètre du champ qui conditionne le comportement défécatoire. Si son intensité joue un rôle, ce n'est pas le plus important. En effet, les canidés sont principalement sensibles aux changements de l'inclinaison des lignes de champs (c'est-à-dire aux variations de l'angle qu'elles forment par rapport à la verticale d'un point donné).
Voilà une nouvelle information qui précise un peu plus le fonctionnement de la boussole animale, dont nous sommes encore loin d'avoir percé tous les mystères. Cette relation explique également pourquoi d'anciennes expériences sur la magnétosensibilité des animaux n'ont pas pu être ou ont été difficilement reproduites par la suite. Si les caractéristiques du champ magnétique étaient différentes entre deux expériences, il peut être normal que les résultats diffèrent. On sait maintenant qu'il devient plus difficile de tirer des conclusions à partir de leurs résultats.
Le groupe de chercheurs allemands et tchèques impliqué dans cette étude n'en était pas à son coup d'essai. En 2008, ses scientifiques ont avancé que les vaches, les chevreuils et les cerfs élaphescerfs élaphes s'orientaient également préférentiellement selon un axe nord-sud. Dernièrement, ils ont supposé que les renards roux (Vulpes vulpesVulpes vulpes) utilisaient également les lignes de champ magnétique, mais pour chasser des proies situées au nord de leur position. Les chiens viennent donc agrandir cet ensemble de mammifères supposés magnétosensibles, qui se compose également de rongeursrongeurs et d'une chauve-sourischauve-souris. Maintenant, si vous êtes perdus, vous savez quoi faire, en espérant que le champ géomagnétique soit stable...