L’histoire de l’imposante cité de Teotihuacan, au centre du Mexique, intrigue. Florissante dans la première moitié du 1er millénaire de notre ère, elle connaît un déclin brutal associé à des incendies et destructions. Jusqu’à présent reliées à des révoltes, ces destructions pourraient avoir été en partie causées par un puissant séisme, explique une nouvelle étude.


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    La cité de Teotihuacan est certainement l'un des sites archéologiques les plus emblématiques du Mexique. Ses pyramides sont en effet parmi les plus grandes construites durant l'ère précolombienne. Elles faisaient partie intégrante d'une vaste cité qui aurait compté pas moins de 200 000 habitants ! Érigée durant le 1er siècle avant notre ère, Teotihuacan devient ainsi l'une des plus grandes villes du monde au moment de son apogéeapogée, dans la première moitié du 1er millénaire de notre ère. La cité connaît ensuite une baisse démographique. Vers l'an 600, plusieurs édifices et pyramides sont incendiés ou détruits. Cette période de violence se soldera par l'abandon définitif de Teotihuacan. Mais l'origine de ce déclin est encore très largement débattue. Troubles politico-religieux internes ? Période de sécheresse et éruption volcanique ayant entraîné famines et malnutrition ? Attaque et invasion en provenance d'autres cités ?

    Des arguments existent pour chacune de ces hypothèses, ce qui suggère que les causes de la chute de Teotihuacan peuvent être multiples.

    À son apogée, la cité de Teotihuacan aurait pu accueillir jusqu'à 200 000 personnes. © Jackhynes, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    À son apogée, la cité de Teotihuacan aurait pu accueillir jusqu'à 200 000 personnes. © Jackhynes, Wikimedia Commons, domaine public

    Cinq mégaséismes auraient endommagé la cité de Teotihuacan

    Une nouvelle étude, publiée dans la revue Journal of Archaeologival Science : Reports montre d'ailleurs que la survenue de plusieurs violents séismes aurait pu également jouer un rôle. De précédentes études avaient déjà mis en évidence le fait que certaines destructions bien caractéristiques observées dans les mursmurs des temples et pyramides aient été causées par des séismes et non par la main de l'Homme ou le simple passage du temps.

    Une nouvelle analyse systématique des différentes pyramides a cependant permis de mettre en évidence que cinq mégaséismes auraient en réalité affecté la cité de Teotihuacan entre l'an 100 et l'an 600.

    La zone de subduction située sur la côte Pacifique en cause

    Le centre du Mexique, où se situent les anciennes cités comme Teotihuacan, est en effet souvent victime de puissants tremblements de terretremblements de terre (magnitudesmagnitudes supérieures à 8,5), provoqués par la zone de subduction qui borde sa côte Pacifique. Au niveau de la fosse mésoaméricaine, les plaques tectoniques Cocos et Rivera plongent en effet sous les plaques Nord-américaine et Caraïbes.

    La subduction de la plaque Cocos entraîne souvent de puissants séismes qui affectent le centre du Mexique. © Alataristarion, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    La subduction de la plaque Cocos entraîne souvent de puissants séismes qui affectent le centre du Mexique. © Alataristarion, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Or, si ces séismes ont la capacité à endommager les villes mexicaines actuelles, il n'y a pas de raison qu'ils n'aient pas touché l'ancienne cité de Teotihuacan. De très nombreux blocs de basalte ayant servi à la constructionconstruction des pyramides présentent en effet des coins cassés, certains sont partiellement sortis de leur logement ou ont basculé. Autant de dégâts qui peuvent être associés à la survenue de puissants tremblements de terre. La nature de ces destructions et leur position ont permis de retrouver l'origine des ondes sismiques, qui pointe vers la zone de subductionzone de subduction située au sud-ouest.

    Les blocs basculés, ou aux coins cassés sont des indices typiques de dégâts liés à des séismes. © Pérez-López et al. 2024, <em>Journal of Archaeological Science : Reports</em>
    Les blocs basculés, ou aux coins cassés sont des indices typiques de dégâts liés à des séismes. © Pérez-López et al. 2024, Journal of Archaeological Science : Reports

    Un déclin en partie lié à la survenue d’un puissant séisme en l’an 600

    Cinq séismes majeurs auraient ainsi entraîné des dégâts notables sur les pyramides. Le premier vers l'an 100, le second vers l'an 225, les troisième et quatrième entre l'an 400 et 525 et le dernier vers l'an 600. Ce dernier pourrait être à l'origine des incendies et de nombreuses destructions jusqu'à présent associés uniquement à des révoltes. Pour les auteurs de l'étude, il est probable qu'une telle catastrophe naturellecatastrophe naturelle ait attisé les tensions et les émeutes pendant une période de conflits internes. Ce dernier séisme pourrait avoir été la goutte d'eau ayant mené au déclin définitif de la cité et à son abandon.