Une énorme météorite aurait impacté la Terre il y a plus de 2 milliards d’années. Cet événement cataclysmique aurait été suivi par une longue phase de rééquilibration de la croûte, engendrant des tremblements de terre pendant plusieurs milliers d’années.


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    Tous les 100 millions d'années environ, notre Planète est impactée par un astéroïdeastéroïde de grande taille, de plus ou moins un kilomètre de diamètre. Ces événements rares mais cataclysmiques sont connus pour avoir sévèrement impacté les écosystèmes, voire, pour certains d'entre eux, avoir provoqué des extinctions de masse. Le plus connu étant celui ayant participé à l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années.

    Mais au-delà de l'impact en lui-même et de ces conséquences directes (onde de choc, onde thermique, poussières dans l'atmosphère...), des chercheurs ont montré que de tels événements pouvaient aussi engendrer des tremblements de terretremblements de terre sur de très longues périodes de temps, de plusieurs milliers d'années.

    Un gigantesque cratère vieux de 2 milliards d’années

    Une équipe de l'université de Cape Town en Afrique du Sud a travaillé sur la structure d'un impact géant, celui de Vredefort, près de Johannesbourg. Peu connu, ce cratère d'impact est pourtant le plus grand du monde. Mais son grand âge fait qu'il n'est plus que partiellement visible. L'impact aurait en effet eu lieu au Précambrien, il y a 2,02 milliards d'années. L'érosion a donc eu le temps de faire son œuvre, gommant progressivement le relief du cratère. Près de 10 kilomètres de roche auraient ainsi été abrasés. La structure visible aujourd'hui en Afrique du Sud ne représenterait que la marque la plus profonde de l'impact.

    Le cratère de Vredefort, près de Johannesbourg (Afrique du Sud). © Júlio Reis, Wikimedia Commons, domaine public
    Le cratère de Vredefort, près de Johannesbourg (Afrique du Sud). © Júlio Reis, Wikimedia Commons, domaine public

    Bien que la structure initiale du cratère ne soit plus visible, pour les scientifiques cette importante érosion présente un formidable avantage, leur permettant notamment d'avoir accès à des structures géologiques normalement enfouies. Les chercheurs ont ainsi pu étudier les dykes créés lors de l'impact. Il s'agit de grandes « veines » remplies de magmamagma généré par la surchauffe des roches lors de l'impact. Orientés de manière plus ou moins verticale, ces dykes traversent les granites qui composent la croûte continentale dans cette région et s'enfoncent profondément dans le sous-sol.

    Une croûte qui rebondit sous l’impact

    L'étude de ces dykes a notamment soulevé une question : comment expliquer leur extension à grande profondeur ? L'une des solutions évoquées est l'ouverture de fractures dans la croûte terrestrecroûte terrestre. Pour les chercheurs, l'impact titanesque aurait vaporisé brutalement plusieurs kilomètres de sédimentssédiments. En réponse à cette perte de masse soudaine, la croûte aurait réagi en « rebondissant ». Il s'agit là du processus de rééquilibration isostatique, bien connu dans les anciennes régions glaciaires. Cette réponse isostatique aurait été accompagnée de nombreux tremblements de terre. Mais durant combien de temps ?

    L'équipe de scientifiques s'est rendu compte que les dykes n'avaient pas tous la même composition chimique. Cette observation implique qu'il y a eu plusieurs épisodes magmatiques à l'origine de ces structures, et que le temps entre ces épisodes a dû être relativement long pour permettre une différenciation chimique. L'idée des chercheurs est que plusieurs épisodes de tremblements de terre se sont succédé dans le temps, ouvrant tour à tour de nouvelles fractures par lesquelles le magma résultant de la surchauffe de l'impact se serait progressivement échappé. La région aurait ainsi été secouée pendant au moins des dizaines de milliers d'années après l'impact, en lien avec la rééquilibration de la croûte terrestre.

    Ces résultats montrent à quel point ces événements cataclysmiques affectent la surface terrestre dans le temps.