Depuis plusieurs semaines, les sismologues enregistrent une activité sismique inhabituelle au large de la côte pacifique du Canada. Une activité sans risque pour les populations car il s’agit là de la manifestion d’un processus tectonique qui se joue tous les jours sans que nous en ayons conscience : la formation d'une nouvelle croûte océanique.


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    À chaque instant, dans tous les océans du globe, se produit un phénomène majeur de la tectonique des plaques. Il s'agit de l'accrétionaccrétion océanique. Millimètre par millimètre, les plaques tectoniques s’écartent en effet au niveau de ces grandes sutures que l’on appelle les dorsales océaniques. Dans cette zone en extension, du magma provenant de la fusionfusion du manteaumanteau va s'infiltrer, construisant ainsi au fur et à mesure de la nouvelle croûte océanique.

    Basaltes en coussin mis en place au niveau des dorsales et qui forment le toit de la nouvelle croûte océanique. © NOAA, domaine public
    Basaltes en coussin mis en place au niveau des dorsales et qui forment le toit de la nouvelle croûte océanique. © NOAA, domaine public

    Des océans qui grandissent et des continents qui s’éloignent

    C'est ce processus qui participe à l'élargissement des océans et, en même temps, à l’éloignement de certains continents, comme l'Europe et l'Amérique. Habituellement, ce mécanisme se joue dans l'indifférence générale. Et pour cause : la plupart des dorsales se situent au beau milieu des océans, à environ 4 kilomètres sous la surface. En ce moment, les habitants de l'île de Vancouver, sur la côte pacifique du Canada, en font pourtant presque une expérience sensorielle. Enfin... surtout les sismologuessismologues.

    Le processus d’accrétion océanique observable en direct au large de Vancouver

    Depuis plusieurs semaines, les scientifiques enregistrent en effet une activité sismique inhabituelle. Au début du mois, près de 2 000 séismes par jour se sont produits en effet sur le site hydrothermal d'EndeavourEndeavour, à environ 240 kilomètres au large de Vancouver.

    La dorsale de Juan de Fuca (trait noir) se trouve très proche du continent nord-américain. Plusieurs éruptions au niveau de l'axe ont déjà été recensées durant les dernières décennies, témoignant du processus d'accrétion de la croûte océanique de part et d'autre de la dorsale. © NOAA
    La dorsale de Juan de Fuca (trait noir) se trouve très proche du continent nord-américain. Plusieurs éruptions au niveau de l'axe ont déjà été recensées durant les dernières décennies, témoignant du processus d'accrétion de la croûte océanique de part et d'autre de la dorsale. © NOAA

    Une activité qui est passée inaperçue pour les habitants, les magnitudesmagnitudes ne dépassant pas 4,1. Pour les chercheurs, il s'agit cependant d'une occasion unique d'étudier en direct le processus d'accrétion océanique qui se produit ici au niveau de la dorsale de Juan de Fuca, qui, une fois n'est pas coutume, se trouve à proximité du continent nord-américain. Grâce aux observatoires sous-marins installés dans la zone, les scientifiques vont en effet pouvoir monitorer l'extension de la croûtecroûte, l'évolution de la température et la remontée du magma à travers les failles. Des données précieuses qui permettront de mieux comprendre comment la croûte océanique se forme.