Huit cents scientifiques américains et européens tirent - une fois de plus - la sonnette d'alarme sur l'ampleur de la déforestation en Amazonie et sur les énormes risques écologiques et climatiques à craindre dans les prochaines décennies, à l'échelle régionale et mondiale.

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    Actuellement, chaque année, entre 20.000 et 25.000 km2 de forêt sont détruits

    Actuellement, chaque année, entre 20.000 et 25.000 km2 de forêt sont détruits

    Dans les régions les plus touchées par la déforestation, les températures durant la saison sèche auraient augmenté de 1 à 3 °C selon Carlos Nobre, chercheur à l'INPE (Institut national brésilien des investigations spatiales). Quant à Pedro Leite Silva Dias, de l'Université de São Paulo, il estime qu'il «pourrait y avoir une connexion entre les anomaliesanomalies des pluies en Europe et aux Etats-Unis et ce qui se passe en Amazonie». Cet effet à longue distance n'est pas une vue de l'esprit : vingt ans d'observation ont amené Brian Kaskins, de la Reading University, en Grande-Bretagne, à établir un rapport entre les moussons du sous-continent indien, les inondations en Europe et la sécheresse en Australie.

    Réunis la semaine dernière à Brasilia pour la troisième conférence du Projet à grande échelle sur la biosphèrebiosphère et l'atmosphèreatmosphère de l'Amazonie, les 800 spécialistes venus du Brésil, d'Amérique du Nord et d'Europe ont dressé un bilan alarmant de la situation. Mais la nouvelle n'est hélas pas vraiment un scoop : depuis une vingtaine d'année, la déforestation volontaire de l'Amazonie ne cesse de croître. Actuellement, chaque année, entre 20.000 et 25.000 km2 de forêt sont détruits. Vente du boisbois, progression de l'agricultureagriculture intensive, réalisation d'un réseau routier à grande échelle et exploitation sauvage de mines, souvent illégale, constituent quatre bonnes raisons de couper les arbresarbres ou de recourir à la désastreuse technique du brûlis, qui a déjà ravagé une partie de l'Afrique.

    A eux seuls, ces énormes incendies ont déjà un impact non négligeable selon les scientifiques. En chargeant l'atmosphère en lourdes particules de matièrematière organique, ils freinent la condensationcondensation de vapeur d'eau. Les nuagesnuages se forment plus lentement et beaucoup ne provoqueront des pluies que loin de l'Amazonie, sur les côtes Pacifique et Atlantique. Mais ce n'est pas forcément un cadeau pour ces régions : "c'est une pluie acideacide, porteuse en outre de produits d'autres écosystèmesécosystèmes" explique Maria Assunçao da Silva Dias, de l'INPE.

    Pour l'avenir, le pronosticpronostic est plutôt sombre. D'après Carlos Nobre, le réchauffement climatiqueréchauffement climatique global à lui seul transformera 20 % de la forêt amazonienne en savane d'ici cinquante à cent ans. Mais si la déforestation se poursuit au rythme actuel, c'est 60 % de l'Amazonie qui devrait, durant cette période, se transformer en savane, conduisant à un désastre humain, écologique et climatique.