Pour la deuxième année consécutive, la forêt amazonienne au Brésil a connu un accroissement de la déforestation. En 2016, celle-ci a augmenté de 29 % par rapport à l’année précédente, laquelle avait déjà enregistré une forte hausse. Plusieurs associations écologistes dénoncent la baisse d’implication du gouvernement brésilien, qui a réduit de 30 % en 2016 le budget de l’Ibama, l’institut chargé de lutter contre les actions illégales.

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    Année après année, la forêt amazonienne continue de se réduire, que ce soit en Bolivie, en Équateur, au Pérou, au Vénézuéla, en Guyane et bien sûr au Brésil. Pour des terres agricoles, mais aussi au profit de compagnies pétrolières, gazières, minières (150.000 km2 concédés entre 2008 et 2015) et des projets de barrages (151, en plus des 48 déjà existants). Implacablement, semble-t-il, ce « poumonpoumon de la Terre » s'estompe.

    Pour le Brésil, qui rassemble à lui seul les deux tiers de la superficie de la forêt équatoriale, l'accroissement de la déforestation entre août 2015 et juillet 2016 s'élève à 29 % par rapport à l'année précédente, selon l'Institut national pour la recherche spatiale (INPE) qui a publié son rapport le 29 novembre. Derrière cette augmentation, 7.989 km2 de forêt ont été détruits, et avec eux ses hôtes et des milliers d'espèces, animales et végétales, qui en dépendent, dont certaines sont inconnues ou méconnues. Au cours de la période précédente, la déforestation avait déjà progressé de 24 % (6.207 km2 ont disparu en 2015).

    Ces chiffres inquiétants vont à l'encontre de la tendance amorcée par le gouvernement brésilien à partir de 2004 pour réduire ce phénomène. Non pas que la déforestation fut stoppée depuis la mise en place de cette lutte, mais sa progression avait tout de même ralenti par rapport aux années 1990 (voir graphique ci-dessous). En dépit de cette hausse de 29 %, la progression de la déforestation reste significativement plus faible qu'en 2004.

    À gauche, les superficies de la forêt amazonienne brésilienne qui ont disparu entre 1989 et 2016. Le taux de déforestation repart à la hausse depuis 2007. À droite : surfaces cumulées de la forêt qui ont disparu depuis 1989. © Camila Domonoske, Tyler Fisher, Alyson Hurt, NPR

    À gauche, les superficies de la forêt amazonienne brésilienne qui ont disparu entre 1989 et 2016. Le taux de déforestation repart à la hausse depuis 2007. À droite : surfaces cumulées de la forêt qui ont disparu depuis 1989. © Camila Domonoske, Tyler Fisher, Alyson Hurt, NPR

    Au Brésil, la protection de l’environnement et des populations indigènes s'affaiblit

    Néanmoins, cumulée sur des décennies, la perte de la forêt amazonienne est énorme. Avec elle s'éteint une biodiversitébiodiversité d'une richesse incomparable mais aussi des cultures millénaires et leurs langues, les différents groupes amérindiens étant obligés de fuir et d'abandonner la terre de leurs ancêtres... Menacés par des chercheurs d'or illégaux et peu scrupuleux, les Yanomami par exemple dénoncent une baisse inquiétante des implications des autorités brésiliennes pour les défendre.

    Cette hausse importante de la déforestation depuis deux ans exaspère nombre d'associations de défenses de l'environnement dans le monde entier. Beaucoup se demandent si le Brésil, pourtant cité comme modèle auparavant, pourra tenir ses engagements dans la lutte contre le réchauffement climatiqueréchauffement climatique, pour lequel, le gouvernement a signé l'accord de Paris.

    Pour le journal Estadão qui rapporte les propos du directeur politique de Greenpeace, Marcio Astrini sur ce sujet : « parmi les causes de la déforestation croissante figurent les mesures prises par le gouvernement fédéral entre 2012 et 2015, telles que la renonciation aux amendes pour la déforestation illégale, l'abandon des aires protégées (des unités de conservation et des terres indigènesindigènes) et l'annonce, qu'il appelle "honteuse", que le gouvernement ne prévoit pas d'arrêter complètement la déforestation illégale avant 2030 ».

    À la source de ce problème, on trouve la baisse drastique (30 %), votée par le gouvernement, du budget alloué à l'Ibama, l'organisme qui conduit cette lutte. « Les bûcherons sont mieux équipés que nous », a expliqué à Reuters, Uiratan Barroso, responsable de l'applicationapplication de la loi d'Ibama dans l'État de Santarem. Il déplore les moyens plus faibles dont il dispose.