En trois ans, le réseau routier de l’Amazonie brésilienne s’est étendu de 50.000 km. Les routes sillonnent la forêt tropicale, modifiant localement les conditions écologiques du milieu. Souvent ignoré, le développement routier a pourtant des conséquences majeures sur la déforestation du bassin amazonien.

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    Les routes sont souvent construites illégalement dans le coeur de l'Amazonie. En augmentation, ce réseau routier modifie l'écologie du bassin amazonien et favorise le déboisement. © Toby Gardner

    Les routes sont souvent construites illégalement dans le coeur de l'Amazonie. En augmentation, ce réseau routier modifie l'écologie du bassin amazonien et favorise le déboisement. © Toby Gardner

    Ces quatre dernières années, 441 espèces animales et végétales ont été découvertes en Amazonie. Avec plus de sept millions de km2 de surface, cette forêt tropicale constitue l'une des plus grandes niches de biodiversité. Elle fournit par ailleurs quelque 12 % de l'eau potable dans le monde. Pourtant le bassin amazonien a perdu 17 % de sa surface originelle depuis le développement des activités humaines. Si la déforestation, résultat du déboisement de l'espace pour les champs agricoles, est le principal facteur en cause, l'utilisation des terres est liée à d'autres forçages de déboisement.

    Le développement du réseau routier par exemple est relativement anarchique et méconnu, pourtant il contribue de façon majeure à la déforestation. Une grande partie des routes en Amazonie ont été construites illégalement, elles permettent aux exploitants de s'approprier les terrains en bordure et d'accéder au centre de la forêt pour en extraire des produits rares. On estime que si un pays est couvert de moins de 2 % de routes, elles peuvent tout de même avoir un impact sur l'écologieécologie du pays dix fois supérieur.

    Cette carte représente l’évolution de la densité de routes en Amazonie brésilienne (faible en blanc, maximale en noir et exprimée en km/km<sup>2</sup>/an). Dans les zones hachurées, aucune route n’a été détectée. © <em>Imperial College London</em>

    Cette carte représente l’évolution de la densité de routes en Amazonie brésilienne (faible en blanc, maximale en noir et exprimée en km/km2/an). Dans les zones hachurées, aucune route n’a été détectée. © Imperial College London

    Les routes fragmentent les habitats des animaux

    Ces itinéraires goudronnés changent la température du sol, l'humidité du milieu et modifient les parcours des animaux. Savoir où sont les routes et à quelle vitessevitesse elles se construisent est la donnée manquante pour réussir à prévoir l'évolution de la forêt. Bon nombres de modèles prennent déjà en compte ce paramètre, mais les données de terrain sont si lacunaires que les simulations divergent.

    À l'aide d'imagerie satellite et de cartes routières déjà existantes, une équipe internationale a mené une étude visant à quantifier le développement du réseau routier dans le bassin amazonien brésilien. Ils rapportent dans la revue Regional Environmental Change qu'entre 2004 et 2007, quelque 17.000 km de routes ont été construits chaque année, c'est-à-dire qu'en trois ans, l'Amazonie brésilienne a vu naître plus de 50.000 km de routes.

    Leurs résultats suggèrent en outre que le réseau routier s'étend plus rapidement dans les régions en forte croissance économique, ainsi que les zones où de nouveaux établissements ou structures agricoles voient le jour. Lorsque le dispositif routier autour des structures est bien établi, on observe un ralentissement dans la constructionconstruction. Ces informations permettent de définir les zones où le réseau routier est en pleine expansion, et où il devrait se stabiliser. Elles sont donc un moyen de déterminer les zones à protéger pour ralentir l'accroissement de la déforestation.