L’Anthropocène, qui marque la domination des actions humaines sur les processus naturels, est supposé avoir débuté avec la révolution industrielle. Une nouvelle étude suggère cependant que cette datation soit reportée de plusieurs milliers d’années. Et pour cause, il semblerait que l’érosion liée aux activités humaines domine celle du climat depuis l’âge du bronze.


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    L'histoire géologique de la Terre est marquée par une perpétuelle évolution des paysages. En cause, la tectonique des plaques bien sûr, mais également l'érosion. Le climat, par l’action des vents, de la pluie, de la glace, ou des simples variations de température, est en effet l'un des grands processus capables de façonner les reliefs terrestres. Mais depuis quelques milliers d’années, un autre acteur est entré en jeu : l’Homme.

    Activités humaines : pollution, dégradation des écosystèmes et érosion intensive des sols

    On ne peut que le constater en regardant par notre fenêtrefenêtre, l'empreinte humaine est partout dans le paysage. Hormis la pollution et la destruction d'écosystèmes naturels, les activités humaines ont également induit une augmentation importante de l’érosion des sols. Un fait qui a de nombreuses répercussions tant sur la biodiversité que sur la capacité du sol à stocker le CO2 ou à apporter assez de nutrimentsnutriments aux cultures. S'il est clair que l'érosion d'origine humaine a de loin dépassé celle liée au climat dans les plaines, que se passe-t-il en montagne ?

    La culture intensive mène à une érosion accélérée des sols. © neenawat555, Adobe Stock
    La culture intensive mène à une érosion accélérée des sols. © neenawat555, Adobe Stock

    Depuis toujours, les reliefs représentent en effet les régions du monde où les taux d’érosion sont les plus importants, en raison des fortes variabilités climatiques, de l'action du gelgel-dégel et de l'effet du ruissellement, qui est d'autant plus important que les pentes sont fortes. Mais si auparavant cette érosion des montagnes était uniquement d'origine climatique, qu'en est-il à l'heure actuelle ?

    L’agropastoralisme érode les montagnes plus vite que le climat

    Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature communications, révèle que dans ce milieu qui semble encore un peu préservé, les actions de l'Homme sont dominantes. Des chercheurs du CNRS ont ainsi étudié les sédimentssédiments déposés au fond du lac du Bourget, qui représente l'un des plus grands lacs naturels des Alpes. Leurs analyses révèlent clairement que l'érosion d'origine humaine prévaut sur l'érosion d'origine climatique depuis plus de 3 800 ans. Deux activités semblent d'ailleurs avoir eu un impact majeur sur l'érosion des sols alpins : le développement du pastoralisme dans les zones de haute altitude à partir de l'âge du bronzebronze et celui de l'agricultureagriculture au Moyen Âge.

    Le développement de l'élevage dans les zones de haute altitude dès l'âge du bronze a entraîné une accélération de l'érosion des sols. © Seakitten, Adobe Stock
    Le développement de l'élevage dans les zones de haute altitude dès l'âge du bronze a entraîné une accélération de l'érosion des sols. © Seakitten, Adobe Stock

    Des résultats qui posent d'ailleurs la question de la datation du début de l'AnthropocèneAnthropocène. Jusqu'à présent, il était proposé que cette nouvelle époque géologique, qui marque la mainmise de l'Homme sur son environnement, ait débuté avec la révolution industrielle. Cette nouvelle étude suggère cependant qu'elle aurait pu commencer bien plus tôt, dès la Préhistoire.