Le SARS-CoV-2. Plus d’un an maintenant qu’il fait trembler le monde. Et les scientifiques restent partagés sur son origine. Pourtant, une équipe publie aujourd’hui une étude qui suggère que le réchauffement climatique a pu jouer un rôle majeur dans son émergence.


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    Le 7 janvier 2020, un nouveau coronaviruscoronavirus était identifié. Le SARS-CoV-2SARS-CoV-2 allait bientôt devenir responsable d'une pandémie de Covid-19 de laquelle nous ne sommes toujours pas sortis. Rapidement, les activités humaines ont été rendues responsables. La fragilisation de la frontière entre les espèces sauvages et les Hommes, plus précisément. Mais des chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) suggèrent aujourd'hui que le réchauffement climatique pourrait avoir joué un rôle majeur.

    Le saviez-vous ?

    Plus de 60 % des maladies infectieuses émergentes dans le monde sont des zoonoses. La plupart proviennent de la faune sauvage. Les chauves-souris sont porteuses de la plus forte proportion de virus zoonotiques parmi les mammifères. Quelque 3.000 coronavirus différents ont déjà été identifiés dans le monde.

    Rappelons que les coronavirus sont des virus communs de la chauve-souris. Ainsi le nombre de coronavirus présents sur une zone géographique et susceptibles de se transférer à l'Homme semble naturellement lié au nombre d'espèces de chauve-souris également présentes dans la région. Plus il y a de chauves-souris, plus les risques de transmission sont grands. Les chercheurs ont donc tenté d'établir comment la « richesse spécifique » des chauves-souris a évolué à travers le monde au cours du siècle dernier.

    Entre la période 1901-1930 et la période 1990-2019, ils ont estimé qu'une quarantaine de nouvelles espèces de chauve-souris se sont installées dans la région du Yunnan, au sud de la Chine. Celle-là même d'où le SARS-CoV-2 semble avoir émergé -- même si cela reste encore à confirmer. Et cette nouvelle « richesse spécifique » résulterait d'un changement climatique qui aurait rendu la région plus favorable aux chauves-souris. Et tout particulièrement, la végétation de la région.

    D’autres facteurs à prendre en compte

    Des niveaux de CO2 plus élevés, des températures en hausse, des schémas de précipitation modifiés et une couverture nuageuse moindre ont transformé le secteur anciennement peuplé majoritairement d'arbustes tropicaux en savanes et en forêts à feuilles caduquesfeuilles caduques que les chauves-souris affectionnent tout particulièrement. Avec autant de nouvelles espèces de chauves-souris s'épanouissant dans la région, les chercheurs estiment à une centaine de coronavirus supplémentaires ceux présents sur place.

    Ils notent par ailleurs qu'en colonisant de nouvelles régions du monde, les chauves-souris se confrontent possiblement à des interactions avec des animaux qu'elles ne côtoyaient pas jusqu'alors. Ainsi, peut-être les pangolins soupçonnés d'avoir finalement permis de transmettre le SARS-CoV-2 à l'Homme -- ce qui reste également à confirmer.

    Si la communauté juge l'étude intéressante, plusieurs experts n'y ayant pas pris part émettent quelques réserves quant à ces conclusions. Parce qu'elle fait peu de cas d'autres facteurs qui ont pu affecter les populations de chauves-souris, comme les activités humaines, la chasse, la présence d'espèces invasivesespèces invasives ou la pollution. Parce qu'elle repose en partie sur des données trop parcellaires. Celles de la couverture nuageuse de la région sur les cent dernières années, par exemple. Et surtout peut-être parce qu'elle présuppose des connaissances sur les chauves-souris et leurs habitats optimaux que les experts estiment ne pas avoir réellement documentées.

    Ils rappellent que le franchissement de la barrière des espèces est un processus complexe qui allie risque écologique, mais aussi exposition et vulnérabilité humaine. Ainsi, l'augmentation des populations et des mouvementsmouvements humains ainsi que la dégradation des environnements naturels par l'exploitation agricole notamment ont probablement joué également un rôle de premier plan dans l'émergence du SARS-CoV-2.