Les chauves-souris seraient plus douées que d'autres pour transmettre des virus à la population humaine. Pourtant, ces espèces sont peu connues des scientifiques. Un manque que des chercheurs ont contribué à combler en se penchant sur les chauve-souris à nez de feuille.


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    Il existe plus de 1.400 espèces de chauve-souris. Et elles sont particulièrement mal connues des scientifiques. Une lacune qui peut s'avérer dangereuse. « Avec le Covid-19Covid-19, nous avons un virus qui se déchaîne dans la population humaine. Il est originaire d'une chauve-souris en ferfer à cheval en Chine. Il existe 25 ou 30 espèces de chauves-souris en fer à cheval en Chine, et personne ne peut déterminer laquelle était impliquée. Nous nous devons d'en savoir plus sur elles et leurs proches » assène Bruce Patterson, coauteur d'une étude parue dans la revue ZooKeys

    Cette étude se concentre sur les relations évolutives et génétiquesgénétiques de chauves-souris à neznez foliaire, au sein de la famille Hipposideridae. Celles-ci tirent leur nom des rabats sur la peau de leur nez qu'elles utilisent pour concentrer leurs appels, et pour mieux attraper les insectes. Cousines des chauves-souris ayant transmis, indirectement, le SARS-CoV-2 à l'humain, elles « sont porteuses de coronaviruscoronavirus » explique Terry Demos, coauteur de l'étude. Or, « ce n'est certainement pas la dernière fois qu'un virus est transmis d'un mammifère sauvage à l'Homme » s'inquiète-t-il, « si nous avons une meilleure connaissance de ce que sont ces chauves-souris, nous serons mieux préparés si cela se produit ».

    Par des analyses génétiques de spécimens africains, chez qui les données manquent le plus, les chercheurs ont révélé des espèces cryptiques. C'est-à-dire des espèces véritablement distinctes, mais quasiment impossibles à différencier d'un point de vue morphologique. Cachées à la vue de tous durant des années, leur ADNADN a révélé l'erreur : au moins quatre espèces inconnues avaient été confondues avec des espèces répertoriées !

    Les chauves-souris à nez de feuille de l'espèce <em>Hipposideros caffer</em> comporteraient huit lignées distinctes, à l'instar de celle-ci. © Bruce Patterson, Field Museum
    Les chauves-souris à nez de feuille de l'espèce Hipposideros caffer comporteraient huit lignées distinctes, à l'instar de celle-ci. © Bruce Patterson, Field Museum

    Les chiroptères, propagateurs de virus malgré eux

    Les chercheurs soulignent également que les chiroptères semblent, plus que d'autres animaux, capables d'infecter la population humaine. Pour l'heure, la raison en reste obscure. Peut-être car les chauves-souris sont des êtres très sociaux, dont les colonies peuvent atteindre 20 millions d'individus ! « Parce qu'ils se regroupent et prennent soin les uns des autres, il ne faut pas longtemps pour qu'un agent pathogènepathogène se transmette d'un bout à l'autre de la colonie » détaille Bruce Patterson. Peut-être aussi car les chauves-souris volent. Or, le vol « est le moyen le plus énergétiquement cher de se déplacer », ce qui aurait permis à ces mammifères de développer un métabolismemétabolisme élevé et un système immunitairesystème immunitaire fort. Faisant d'eux des porteurs sains de multiples virus.

    Devant leurs données, les chercheurs apportent une dernière précision. « Ces chauves-souris ont une place dans la nature et remplissent des fonctions écologiques essentielles, et nous ne pouvons pas laisser notre peur du Covid-19 nous amener à séparer les systèmes écologiques naturels » met en garde Bruce Patterson. Quand Terry Demos précise qu'à moins « que vous n'essayiez de chercher des chauves-souris, que ce soit pour les harceler ou pour les tuer, il est très, très peu probable qu'elles vous infectent ». Pas de quoi paniquer, donc.