Le changement climatique a de nombreux impacts sur la santé, et par conséquent, sur la mortalité. Mais certains pays sont touchés de manière disproportionnée par rapport à d'autres. Le journal médical The Lancet vient de publier une étude sur les inégalités liées au réchauffement climatique, et ses cartes de projection en ce qui concerne la mortalité, sont claires. Les populations des pays les moins pollueurs sont celles qui risquent le plus de mourir des conséquences du réchauffement climatique.


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    Seulement 14 % de la population globale est responsable de 92 % des émissionsémissions historiques de carbonecarbone qui dépassent les seuils limites pour la bonne santé de la Terre. Les populations les plus défavorisées sont les plus touchées par les conséquences du réchauffement climatique. Et les plus impactés sont ceux qui contribuent le moins à la hausse globale des températures liée aux émissions de gaz à effet de serre : les peuples du sud de l'hémisphère Nord. Des populations, qui en plus d'avoir un impact moins néfaste sur l'environnement, sont celles qui sont les moins intégrées aux grandes décisions internationales sur l'avenir de la Planète. Pour les auteurs de l'étude publiée dans The Lancet le 29 mai, il s'agit d'une véritable discrimination : l'objectif des auteurs est de pointer du doigt l'accès aux ressources naturelles qui est inégal, tout comme la représentation politique et le traitement social.  

    En rouge et orange, les pays les plus pollueurs en termes d'émissions historiques de CO<sub>2</sub>. © <em>The Lancet</em>
    En rouge et orange, les pays les plus pollueurs en termes d'émissions historiques de CO2. © The Lancet

    Un monde qui fonctionne à l'envers

    Les cartes réalisées pour l'étude montrent un « monde à l'envers » : les pays les plus pollueurs, et donc les plus responsables du réchauffement climatique, se situent tous au nord de notre hémisphère. À l'inverse, les pays les plus concernés par un risque de surmortalité d'ici 2050, lié au réchauffement climatique, se situent tous au sud de l'hémisphère Nord. Le schéma montre la même répartition des risques de mortalité en ce qui concerne les maladies diarrhéiques, la malnutrition et la malariamalaria : Afrique, Amérique du Sud et Asie du Eud-Est sont les régions les plus touchées.

    Cependant, la situation est différente en ce qui concerne les risques de coups de chaleur mortels : le monde entier est désormais concerné, quasiment avec le même niveau de risque. Les deux hémisphères présentent une menace à peu près égale, même si le centre de l'Afrique et l'Asie restent encore au-dessus de la moyenne : la Namibie, l'Angola, le Congo, le Gabon, le Kazakhstan, la Mongolie et l'Ouzbékistan sont les pays où le risque de mourir d'un coup de chaleur est le plus grand.

    Cette estimation de la mortalité liée au réchauffement climatique ne se base pas uniquement sur la hausse des températures, mais aussi sur les nombreuses catastrophes associées au changement climatique (comme les inondations), l'accès aux abris, à la climatisationclimatisation, aux transports et aux soins de chacune des populations. Tous risques confondus (chaleurchaleur, maladies diarrhéiques, malnutrition et malaria), c'est au Congo, en Angola et au Gabon, que le risque de mourir de l'une de ces 4 conséquences est le plus grand. Ces trois pays africains sont les grands perdants du réchauffement climatique.

    En rouge et orange, le pays les plus affectés par les conséquences du réchauffement climatique d'ici 2050 : les maladies diarrhéiques sur la carte B, la malaria sur la carte C, les coups de chaleur sur la carte D, et la malnutrition sur la carte E. © <em>The Lancet</em>
    En rouge et orange, le pays les plus affectés par les conséquences du réchauffement climatique d'ici 2050 : les maladies diarrhéiques sur la carte B, la malaria sur la carte C, les coups de chaleur sur la carte D, et la malnutrition sur la carte E. © The Lancet

    Des inégalités climatiques au sein d'une même ville

    L'étude met aussi en évidence une autre inégalité, invisible sur les cartes cette fois-ci : les disparités au sein d'un même pays, et d'une même ville. Aux États-Unis par exemple, les populations noires et hispaniques se situent dans des quartiers plus chauds que les blancs. De même, ces deux catégories de population moins favorisées ont un accès plus limité à la climatisation, en raison de revenus financiers plus bas. Les femmes sont aussi, d'une manière générale, moins bien protégées des conséquences du changement climatique, en comparaison avec les hommes. Lorsqu'il s'agit de femmes noires ou hispaniques, le risque pour elles de mourir des conséquences du réchauffement climatique est encore plus grand : elles sont moins bien logées et se déplacent moins facilement lorsqu'elles n'ont pas de véhicule.