Steppe des prés, steppe forestière, alpine, semi-désertique et désertique… Des chercheurs se sont intéressés aux écosystèmes uniques de cette Asie centrale à travers le temps afin d'étudier leur résilience aux différentes perturbations environnementales subies au cours des diverses ères géologiques. Ils espèrent ainsi pouvoir quantifier la vulnérabilité des zones arides modernes face au changement climatique et à la dégradation des terres.


au sommaire


    Il y a 34 millions d'années, un changement soudain du climat global a provoqué une désertification généralisée, et une dégradation permanente et irréversible des écosystèmes dans toute l'Asie centrale. Les steppes modernes, dominées par les herbes, n'ont émergé que 19 millions d'années après ce changement, lorsque le climat est redevenu temporairement plus humide, il y a environ 15 millions d'années.

    Aujourd'hui, les déserts se développent à nouveau rapidement dans toute la région, signalant l'imminence d'un effondrementeffondrement écologique probablement irréversible pour des millions d'années. Telles sont les conclusions de l'équipe internationale du projet ERC Magic (Monsoons of Asia caused Greenhouse to Icehouse Cooling), qui a intégré des enregistrements de pollen fossilefossile provenant d'Asie avec des nouvelles données géologiques, fauniques et climatiques.

    Pollens fossiles des plantes Nitraria et Ephedra. © Prof. Carina Hoorn
    Pollens fossiles des plantes Nitraria et Ephedra. © Prof. Carina Hoorn

    Vers un effondrement irréversible des écosystèmes modernes des steppes d'Asie centrale ?

    Jusqu'à présent, personne n'avait reconstitué l'histoire passée des steppes asiatiques de manière aussi complète. En rassemblant 43 millions d'années d'évolution, les chercheurs ont pu comprendre la résiliencerésilience de ces écosystèmes d'une manière totalement nouvelle. L'étude montre que la biodiversitébiodiversité asiatique moderne a été façonnée par ces anciens changements climatiqueschangements climatiques globaux, mais aussi par la formation de montagnes du plateau tibétain et la disparition de mers intérieures.

    Même si les plantes qui dominaient autrefois existent encore aujourd'hui dans la région, elles sont relativement rares. Cela montre que les populations peuvent être altérées de façon permanente par un changement climatique rapide, alors que des extinctions généralisées ne se produisent pas.

    Aujourd'hui, les relevés climatiques et les prévisions des modèles de climat montrent que l'Asie intérieure est en train de devenir rapidement l'un des endroits les plus chauds et les plus secs de la Planète. De nombreuses espècesespèces sont menacées, les cultures sont régulièrement ravagées par la sécheressesécheresse et par les mers de sablesable qui recouvrent les steppes indigènesindigènes nécessaires au pâturage du bétail. Les résultats de cette étude suggèrent qu'à ce rythme, les écosystèmes de l'Asie intérieure ne s'en remettront probablement pas.

    Échantillonnage des enregistrements climatiques en Chine, bassin de Xining. © Guillaume Dupont-Nivet
    Échantillonnage des enregistrements climatiques en Chine, bassin de Xining. © Guillaume Dupont-Nivet