Afin de comprendre comment le réchauffement climatique de l'Antarctique modifie son écosystème, des chercheurs ont étudié l'évolution de la végétation à l'Ile Signy. Sur cette île située au pôle Sud, ils ont constaté une incroyable transformation en cours.


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    Le continent antarctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde et la glace laisse de plus en plus place à de la végétation. Sur l'île étudiée, plusieurs variétés de plantes existent de manière tout à fait naturelle. Parmi celles-ci, deux plantes natives ont connu un développement inédit ces dernières années : la sagine antarctique et la canche antarctique sont deux espèces de plantes vasculaires indigènesindigènes du continent.

    Ces plantes adaptées aux conditions extrêmes se sont propagées lentement entre 1960 et 2009. Mais leur progression sur l'île a ensuite été jugée comme « explosive » entre 2009 et 2019 : profitant de la hausse des températures, la canche antarctique s'est mis à grandir 10 fois plus rapidement qu'avant, et la sagine antarctique 5 fois plus vite. La floraison de la sagine antarctique, autrefois possible mais assez limitée, a été jugée spectaculaire ces dernières années.

    La sagine antarctique a connu une floraison spectaculaire ces dernières années. © Liam Quinn
    La sagine antarctique a connu une floraison spectaculaire ces dernières années. © Liam Quinn

    L'écosystème subit un bouleversement qui ne fait que commencer

    Or, cela pose un problème d'équilibre dans l'écosystème global des terresterres de l'Antarctique : ces sols étaient jusqu'à maintenant principalement recouverts de moussesmousses et de lichens, qui offrent une protection à de nombreuses petites espèces, comme des insectesinsectes. La propagation des plantes vasculaires écrase progressivement les mousses et lichens, bouleversant l'équilibre en place.

     La canche antarctique grandit 10 fois plus rapidement qu'avant. © Lomvi2
     La canche antarctique grandit 10 fois plus rapidement qu'avant. © Lomvi2

    Les chercheurs s'inquiètent également d'un autre risque : l'introduction d'espèces invasives liée aux activités humaines, par le biais de graines transportées sur les chaussures, vêtements ou véhicules des chercheurs et touristes. Jusqu'à maintenant, l'Antarctique est resté protégé de cette menace, mais ses températures de moins en moins extrêmes rendent de plus en plus probables le fait que des plantes venues d'ailleurs puissent prospérer, et renverser l'écosystème en place.