Parce que des célébrités se sont affichées avec la gourde Stanley Cup, les Américains se sont frénétiquement rués sur cette gourde réutilisable. Le problème est que cet objet, censé être une alternative aux bouteilles plastique jetables, est devenu un accessoire de mode acheté compulsivement, décliné en collections et séries limitées aussi éphémères que la Fast fashion. De ce point de vue, la Stanley Cup rate son objectif mais pas son chiffre d'affaires.


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    Depuis quelque temps, les Américains n'ont d'yeuxyeux que pour la Stanley Cup. Initialement, cette bouteille réutilisable est censée être écologique. Mais la constante sortie de nouveaux modèles et d'éditions limitées incite ses adeptes à en racheter régulièrement, les poussant à une surconsommation qui va à l'encontre des qualités écologiques mises en avant par son fabricant.

    Vous avez peut-être déjà vu cette vidéo sur TikTokTikTok (voir ci-dessous), tournée dans un magasin Target aux États-Unis où une foule se précipite sur une étagère remplie de gourdes rouges ou roses, allant même jusqu'à se bousculer. Cette vidéo visionnée près de 30 millions de fois en l'espace de quelques semaines, a aussitôt suscité une confusion générale. Mais qu'est-ce que cette gourde a de si spéciale ? À première vue, pas grand-chose.

    La gourde pour les Nuls : usage et customisation

    Pourtant, cette gourde, la Stanley Cup, est devenue le nouvel accessoire incontournable des Américains. Aperçue dans les mains de nombreuses stars (Justin Bieber, Olivia Rodrigo) ou d'influenceurs, cette bouteille réutilisable munie d'une paille a déclenché toute une frénésie sur les réseaux sociaux. À l'heure actuelle, le hashtag #Stanley Cups cumule des centaines de millions sur TikTok. Elle a notamment été au centre de nombreuses vidéos montrant des gens déballer leur cadeau de Noël. 

    Ses adeptes ne cessent de vanter ses mérites, exposant fièrement leurs collections de Stanley Cup dans différentes couleurscouleurs (à assortir à sa tenue, son vernisvernis à onglesongles ou son humeur). Certains vont même jusqu'à ajouter des strass, des bouchons anti-déversement ou des étiquettes pour personnaliser leur précieux Graal. Il y a même ceux qui confectionnent des petits sacs à dosdos pour transporter leur gourde.

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    Cette frénésie n'a pas manqué de soulever quelques questions, notamment côté environnemental. Car cette gourde, qui coûte quand même aux alentours de 50 dollars, est censée être réutilisable à vie.

    À l'origine, la marque Stanley, créée en 1913 par le physicienphysicien américain William Stanley Junior, était associée aux ouvriers et aux randonneurs. Mais depuis quelques années, les gobelets ont connu une grande popularité sur les réseaux sociauxréseaux sociaux, et particulièrement TikTok, avec la montée en puissance de la communauté #watertok -- ces amoureux de l'hydratationhydratation avaient en effet l'habitude de filmer leurs préparations d'eau aromatisées dans leur Stanley Cup -- et une politique marketing bien huilée.

    La sortie constante de nouveaux modèles et d’éditions limitées incite paradoxalement à une surconsommation, nocive pour la Planète

    La Stanley Cup, une alternative écologique qui rate son objectif 

    Cette popularité grandissante (l'entreprise aurait multiplié par dix son chiffre d'affaires depuis 2020, selon un article de CNBC) soulève néanmoins des inquiétudes environnementales. Car en accumulant ces gobelets réutilisables, peut-on vraiment parler d'achat durable ? La marque Stanley indique sur son site web que son produit est fabriqué à partir de « 90 % d'acier inoxydableacier inoxydable recyclé pour une consommation durableconsommation durable » et qu'une tasse peut durer toute une vie. Cependant, la sortie constante de nouveaux modèles et d'éditions limitées incite paradoxalement à une surconsommation, nocive pour la Planète.

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    Jessica Heiges, directrice de projet sur le zéro déchet et la circularité chez WSP, une société de conseil en environnement, sollicitée par Wired, souligne que « leur impact sur l'environnement est si important qu'il suffit de les utiliser une poignée de fois pour qu'ils soient bien plus nocifs qu'une poignée de bouteilles d'eau jetables ». De ce point de vue, elle n'hésite pas à comparer la gourde au phénomène des tote bags, ses sacs réutilisables présentés comme des alternatives écologiques aux sacs en plastiqueplastique, mais qui sont devenus un véritable problème écologique.

    Selon des chercheurs du MIT, une bouteille réutilisable doit être utilisée dix à vingt fois avant d'avoir un impact environnemental moindre qu'une bouteille en plastique. Elle ajoute : « Il n'est pas possible qu'ils utilisent la même gourde encore et encore, et qu'ils atteignent ainsi le seuil de rentabilité environnementale où elle est plus avantageuse que le plastique ».

    Il n'existe pas d'études prouvant que l'utilisation d'une gourde Stanley soit plus écologique qu'une bouteille en plastique. En 2009, le New York Times a révélé que la production de bouteilles en acier inoxydable nécessite sept fois plus de combustiblescombustibles fossiles, émet 14 fois plus de gaz à effet de serre et nécessite des centaines de fois plus de ressources métalliques par rapport au plastique.