Cette terrible bouche pleine de dents a bien hanté les océans de notre Planète il y a des millions d’années, mais quelle était exactement la taille de l’animal entier ? Et que mangeait-il, des dinosaures ? Il ne les a jamais connus. De nombreuses zones d’ombre persistent autour de ce requin devenu presque légendaire que les scientifiques comptent bien dissiper, en s’intéressant à sa température corporelle !


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    Le mégalodon (Otodus megalodon) est au centre de bien des scénarios et des controverses. Ce gigantesque requin d'au moins 15 mètres de long peupla les eaux marines du globe entre -23 et -3,6 millions d'années et soulève aujourd'hui de nombreuses questions parmi la communauté scientifique. L'attrait et le mystère qui l'auréolent viennent à la fois des rares restes extraordinaires qui nous sont parvenus de lui, et des immenses zones d'ombre qui restent encore à éclaircir à son sujet. Une étude menée par des chercheurs de la William Paterson University of New Jersey (États-Unis) et publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences pourrait bien apporter la réponse à une des questions cruciales qui entourent le requin préhistorique : « avait-il le sang chaud » ?

    Une dent fossilisée du mégalodon est comparée à deux dents de grand requin blanc. © Brocken Inaglory, Wikimedia Commons
    Une dent fossilisée du mégalodon est comparée à deux dents de grand requin blanc. © Brocken Inaglory, Wikimedia Commons

    Un requin à sang chaud ?

    Mais pourquoi serait-ce si important ? Très peu de poissons produisent leur propre chaleurchaleur, on les dit alors endothermes, car cela leur permet certes d'être des nageurs plus performants, mais c'est aussi un trait qui demande beaucoup d'énergieénergie et rend plus vulnérable aux changements de température de leur environnement. Parmi les chondrichtyens, les poissons cartilagineux, certains augmentent significativement la température de plusieurs de leurs organes, notamment le grand requin blanc auquel le mégalodon est souvent comparé. De nombreux scientifiques pensent donc que cette question est la clé pour répondre à de nombreuses autres interrogations liées à la taille du mégalodon, à son mode de prédation et même à la façon dont il s’est éteint !

    Le lampris, ou opah, est un des seuls poissons à maintenir la température interne de son corps entier au-dessus de celle de l'eau qui l'entoure, c'est ce qu'on appelle de l'endothermie. © Lucky Dragon, Adobe Stock
    Le lampris, ou opah, est un des seuls poissons à maintenir la température interne de son corps entier au-dessus de celle de l'eau qui l'entoure, c'est ce qu'on appelle de l'endothermie. © Lucky Dragon, Adobe Stock

    Utiliser des dents pour déterminer la température ?

    L'équipe de chercheurs s'est donc penchée sur la physiologie de l'immense requin en inspectant ses restes les plus emblématiques et les plus nombreux. Les analyses géochimiques visaient à observer comment les isotopesisotopes lourds de carbonecarbone et d'oxygène s'étaient organisés lors de la formation de ses dents. Deux méthodes différentes et la comparaison avec des espècesespèces actuelles ont confirmé que le mégalodon gardait bien sa température interne au-dessus de celle de son environnement. Cette donnée peut expliquer comment il a pu atteindre sa taille gigantesque, et offrir des indices sur son mode de prédation. Mais cela soutient surtout l'hypothèse selon laquelle le géant s'est éteint à cause du trop grand coût métabolique que constituait cette endothermie au moins partielle associée à une taille exceptionnelle, alors que d'autres requins contemporains ont survécu aux bouleversements de leur époque.