Un cafard a été emprisonné dans de l'ambre au Crétacé, ce qui permet d'observer des détails exceptionnels de son anatomie. L'examen de ses yeux et de ses antennes fournit des indices quant à l'écologie de l'espèce, bien différente de celle des cafards actuels.
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Les cafards ou blattes regroupent environ 4.600 espèces actuelles et sont des insectes souvent honnis dont la présence dans les habitations est synonyme de mauvais entretien. Ils apportent la promesse de ne jamais s'installer seuls et d'investir leur royaume une fois les lumièreslumières éteintes ou la nuit tombée. Les cafards actuels sont en effet actifs dans l'obscurité, dans la couche superficielle du sol des forêts, dans des grottes ou dans les placardsplacards. Ces insectes ont-ils pourtant toujours été adaptés à la vie dans le noir ? Il s'agit de la question sur laquelle une équipe de chercheurs de l'université d'Hokkaido et de Fukuoka, au Japon, s'est penchée. Les résultats de leur étude ont été publiés dans le journal The Science of Nature.
Les insectes représentent plus de 70 % des espèces animales sur Terre et présentent une incroyable diversité de formes, notamment en ce qui concerne leurs organes sensoriels. L'adaptation de ces derniers à divers environnement est l'une des raisons du succès évolutif des insectes, apparus il y a environ 400 millions d'années. Afin de reconstruire les écologies et l'histoire évolutive de ce groupe taxonomique, les paléontologuespaléontologues examinent les fossiles. Sur ces derniers, les organes sensoriels sont souvent absents car leur petite taille et leur fragilité ne leur ont pas permis de résister aux affres du temps. De plus, parmi les rares organes sensoriels d'insectes présents dans le registre fossile, peu présentent une morphologiemorphologie tridimensionnelle et une microstructure intacte.
Une blatte aux grands yeux
Au milieu du CrétacéCrétacé, il y a environ 100 millions d'années, au Myanmar (anciennement Birmanie), un cafard appartenant à l'espèce Huablattula hui a été emprisonné dans de l'ambre. La préservation du spécimen est donc exceptionnelle car les yeuxyeux et les antennes sont intacts. Le bloc d'ambre jauneambre jaune clair contenant le spécimen a tout d'abord été analysé avec de la microtomographie à rayons Xrayons X afin de ne pas endommager l'insecte et d'obtenir une image en trois dimensions des yeux composés. De fines sections ont ensuite été réalisées au niveau de l'une des antennes.
“De fines sections ont ensuite été réalisées au niveau de l'une des antennes”
Les auteurs expliquent que le spécimen de H. hui a de grands yeux composés qui comprennent 6.000 ommatidiesommatidies qui occupent une surface de 1,7 mm². Les yeux sont situés aux angles supérieurs de la tête triangulaire. L'antenne gauche mesure plus de neuf millimètres de long et présente peu de sensillessensilles. Ces extensions sont nombreuses chez les espèces adaptées à l'obscurité afin de leur permettre d'explorer leur environnement.
Les auteurs remarquent que le nombre d'ommatidies de H. hui est 1,2 à 1,5 fois plus important que celui dénombré chez les cafards nocturnesnocturnes actuels. Les informations que H. hui recueillait de son environnement devaient donc probablement être visuelles. Les auteurs suggèrent donc que ce cafard du Crétacé devait être adapté à des environnements lumineux et ouverts, contrairement aux espèces actuelles.