Une équipe prétend avoir réussi à amplifier une séquence ADN d’un coléoptère piégé dans de la résine. Mais ne vous emballez pas : on est loin de Jurassic Park, et les espoirs déçus en la matière sont légion.


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    Chacun connaît le scénario de Jurassic Park : des scientifiques parviennent à extraire de l'ADNADN de sang de dinosaure à partir d'un moustique préservé dans l'ambre, complété par de l'ADN de grenouille. Un scénario hautement improbable, car jusqu'ici personne n'a réussi à extraire de l'ADN de l'ambre. Et pour cause : l'ADN est une moléculemolécule très fragile et la résine de l'ambre contient des composés chimiques qui réagissent avec elle et la détruisent. Elle est aussi très instable, sensible à la pressionpression et à la chaleurchaleur. De nombreuses études ont pourtant affirmé ces dernières années avoir réussi à extraire de l’ADN datant de plusieurs millions d’années. En 1993, un article de Nature relatait même avoir extrait de l'ADN de charançon vieux de 125 millions d'années. Hélas, il s'est avéré que le prétendu ADN amplifié à partir du charançon n'était rien d'autre que celui d'un champignon tout à fait actuel. Les suspicions de contaminationcontamination ont rapidement émergé sur les autres séquences, et aucune preuve solidesolide n'a jusqu'ici été apportée sur cette possibilité.

    Les coléoptères étudiés ont été piégés dans de la résine récemment, ce qui explique pourquoi l’ADN n’est pas encore trop dégradé. © Georg Oleschinski, Université de Bonn
    Les coléoptères étudiés ont été piégés dans de la résine récemment, ce qui explique pourquoi l’ADN n’est pas encore trop dégradé. © Georg Oleschinski, Université de Bonn

    ADN ancien : une question d’années plutôt que de millions d’années

    Une équipe de chercheurs allemands et italiens viennent pourtant de démontrer qu'il est possible de récupérer de l'ADN d’insectes préservés dans de l’ambre. Mais ne vous emballez pas trop : les échantillons datent de six ans et deux ans, loin des millions d'années des dinosaures. Les chercheurs ont collecté des coléoptères de Madagascar emprisonnés dans de la résine (non fossilisée mais à la composition similaire à l'ambre) datant de 2013 et 2017. Après de nombreux essais et un nettoyage minutieux des échantillons, l'équipe est parvenue à extraire et amplifier suffisamment d'ADN pour étudier le génomegénome des coléoptères.

    Les chercheurs ne sont pas parvenus à déterminer la vitessevitesse de dégradation de l'ADN. Mais elle pourrait être relativement rapide. « Plutôt que de chercher à ressusciter des dinosaures âgés de 100 millions d'années, nous devrions nous concentrer sur une méthode fiable pour des insectes datant de quelques années », insiste David Peris, principal auteur de l'étude parue dans Plos One, qui assure avoir pris toutes les précautions pour éviter une contamination par de l'ADN récent. Elle compte à présent appliquer cette méthode à d'autres échantillons de plus en plus vieux pour vérifier jusqu'où il est possible de remonter. Cette étude marquera-t-elle une rupture ou viendra-t-elle s'ajouter à la longue liste de faux espoirs ?