On a découvert le plus vieux fossile d'Homo erectus. Il est âgé de 2 millions d'années et il côtoyait alors en Afrique du Sud plusieurs espèces d'Australopithèques.


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    Les sites des hominidés fossiles d'Afrique du Sud, à proximité de Johannesburg, sont célèbres et connus sous le surnom de « berceau de l'humanité » (Cradle of Humankind en anglais). On y trouve dans des grottes calcaires de nombreux fossiles d'hominines dont les plus connus sont sans doute ceux d'Homo naledi récemment découverts et ceux d'AustralopithecusAustralopithecus africanus (un jeune cousin des Australopithecus afarensis tels la fameuse Lucy) et qui ont été trouvés en Afrique de l'Est, principalement en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie.

    Les recherches dans le berceau de l'humanité se poursuivent et un article publié dans Science par une équipe internationale de paléoanthropologues vient de bouleverser quelque peu l'arbre généalogique de l'Humanité tout en tendant à confirmer que le genre Homo est bien né en Afrique. On peut en effet se poser la question car c'est en Indonésie, en 1891 précisément, que le géologuegéologue et anatomiste Eugène Dubois a fait la découverte des premiers fossiles d'Homo erectus, le premier hominine à se dresser sur ses jambes comme l'Homme moderne, ou peu s'en faut, à utiliser le feufeu -- mais pas le premier à utiliser des outils. Les plus vieux fossiles d'Homo erectusHomo erectus avaient toutefois été trouvés à Dmanisi, en Georgie, et étaient âgés d'environ 1,8 million d'années alors que ceux Australopithecus africanus ont des âges compris entre 2 et 3,5 millions d'années.


    Une présentation de la paléocave de Drimolen, l'un des gisements les plus riches en hominines en Afrique du Sud. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © University of Johannesburg official, Youtube

    Les chercheurs, venant d'universités en Australie, Afrique du Sud, Italie et États-Unis, ont en effet daté un ensemble de 150 fragments appartenant à un crânecrâne d'Homo erectus découvert au cours de cinq années de fouilles sur le site connu sous le nom de carrière principale de Drimolen. Ils appartenaient à un Homo erectus âgé d'environ 2 à 3 ans au moment de sa mort survenue il y a 2 millions d'années environ. La trouvaille a été baptisée « Simon », du prénom d'un technicien, Simon Mokobane, hélas décédé en 2018, et qui a beaucoup contribué au succès des fouilles ; plus prosaïquement, les paléontologuespaléontologues le désignent sous le terme DNH 134.

    Trois espèces d'hominines confrontées à un changement climatique

    C'est à ce jour le plus vieux fossile d'Homo erectus découvert et c'est en Afrique. Le site de Drimolen contient également des restes de ParanthropusParanthropus robustus, encore appelé Australopithecus robustus, ce qui veut dire qu'au moins trois hominines (rappelons que ce terme regroupe les représentants du genre Homo et du genre Australopithecus) se côtoyaient en Afrique du Sud il y a deux millions d'années.

    Le fossile d'<em>Homo erectus</em> DNH 134 avec projection stylisée du contour du reste du crâne. © Andy Herries, Jesse Martin et Renaud Joannes-Boyau
    Le fossile d'Homo erectus DNH 134 avec projection stylisée du contour du reste du crâne. © Andy Herries, Jesse Martin et Renaud Joannes-Boyau

    Pour Justin Adams, de l'Université Monash, l'un des auteurs de l'article publié dans Science, cette constatation soulève des questions intrigantes sur la façon dont ces trois espècesespèces ont vécu et survécu dans le même environnement à la même époque. Il explique ainsi que « l'une des questions qui nous intéresse est de savoir quel rôle les changements d'habitats, de ressources et les adaptations biologiques uniques des premiers Homo erectus ont pu jouer dans l'extinction d'Australopithecus sediba en Afrique du Sud. Des tendances similaires sont également observées chez d'autres espèces de mammifèresmammifères au même moment. Par exemple, il y a plus d'une espèce de tigre à dents de sabretigre à dents de sabre, Dinofelis, sur le site - dont l'une s'est éteinte après deux millions d'années. Nos données renforcent le fait que l'Afrique du Sud représentait un mélange vraiment unique de lignées évolutives, une communauté mixte d'espèces de mammifères anciens et modernes qui évoluait à mesure que les climatsclimats et les écosystèmesécosystèmes changeaient ».

    Les chercheurs se demandent aussi finalement, avec cette découverte, si Australopithecus sediba pouvait vraiment être l'ancêtre d'Homo erectus comme il a été récemment proposé.