La croissance du cerveau humain au cours de l’évolution des hominidés soulève la question de la taille du bassin osseux des femmes, qui devait suivre la même courbe, sous peine de rendre les naissances périlleuses. Une nouvelle découverte, celle pour la première fois du pelvis d’une Homo erectus, montre que ce dernier était bien mieux adapté qu’on ne l’imaginait.

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    Une reconstitution d'Homo erectus. Crédit : East Tennessee State University

    Une reconstitution d'Homo erectus. Crédit : East Tennessee State University

    Si Toumaï est bien l'un de nos plus anciens ancêtres, avec un âge d'environ 7 millions d'années, le bassin osseux d'une femelle Homo erectus adulte qui vient d'être reconstitué et décrit dans le journal Science de novembre, est lui âgé de 1,2 million d'années. Il a été découvert en 2001 dans une région de l'Afar baptisé Gona par une équipe de chercheurs du Stone Age Institute dirigée par Sileshi Semaw et c'est le pelvis d'Homo erectus le plus complet que l'on connaisse.

    La région de l'Afar et les sites où l'on a trouvé des hominidés vieux de plusieurs millions d'années. Crédit : <em>Stone Age Institute</em>

    La région de l'Afar et les sites où l'on a trouvé des hominidés vieux de plusieurs millions d'années. Crédit : Stone Age Institute

    La région de l’Afar est l'une des plus mythiques au monde, grâce aux expéditions d'Haroun Tazieff, qui ont démontré qu'il s'agissait d'un jeune fond océanique exondé confirmant directement la théorie de l'expansion des fonds océaniques, mais aussi parce que cette région de l'Ethiopie a livré des squelettes d'hominidés très célèbres, comme celui de Lucy, daté de 3,2 millions d'années.

    Evolutions concomitantes

    La découverte est d'importance car elle remet en cause certaines théories qui avaient été formulées à partir des analyses d'un autre bassin osseux d'Homo erectus, un mâle cette fois-ci, précédemment trouvé au Kenya et datant de 1,5 million d'années.

    La reconstitution du pelvis de Gona. Crédit : Scott W. Simpson, <em>Western Reserve University</em>

    La reconstitution du pelvis de Gona. Crédit : Scott W. Simpson, Western Reserve University

    On sait en effet qu'au cours de son évolution, le genre Homo est devenu anatomiquement de plus en plus grand et de plus en plus mince, ceci très probablement et en partie afin d'optimiser ses capacités de coureur dans un climatclimat chaud. Or, la croissance de la taille du cerveaucerveau fait que la naissance devient potentiellement de plus en plus difficile, car le bassin doit permettre le passage de la tête du bébé. Que l'évolution du bassin suive donc au mieux celle de la taille du cerveau n'a donc rien d'évident a priori.

    De fait, en se basant sur la taille du pelvis de l'Homo erectus mâle kenyan, les chercheurs en avaient conclu que celui de la femelle ne devait probablement pas permettre la naissance d'un bébé, sauf à supposer un retard dans la vitessevitesse de croissance normale du cerveau de l'enfant. A la naissance, celui-ci n'a évidemment pas encore atteint sa taille maximale mais dans le cas d'Homo erectus, on pensait donc que la taille du cerveau du bébé se devait d'être vraiment petite.

    Le pelvis de Gona montre qu'il n'en était rien puisque celui-ci est 30% plus large que ce que laissait envisager les extrapolations théoriques et ressemble plus à celui d'un hominidé adapté à un climat tempéré.