Si la gorille Koko affrontait l'australopithèque Lucy au morpion, elle gagnerait probablement. Bien que leurs deux cerveaux aient une taille comparable, le sang circule deux fois plus vite dans celui de Koko. Et cela fait toute la différence.
La gorille Koko serait plus intelligente que notre ancêtre, l'australopithèque Lucy. Voilà la conclusion surprenante d'un groupe de chercheurs de l'université d'Adélaïde en Australie, publiée dans The Royal Society Publishing. Les anthropologues pensaient que la taille du cerveau était directement liée à l'intelligence. En effet, la taille du cerveau dépend du nombre de neurones qui le composent. En raison d'une cavité crânienne légèrement plus petite que celle de nos ancêtres, les grands singes (groupe qui comprend les gorilles, les chimpanzés, les orangs-outans et les bonobos) étaient considérés comme moins intelligents. Mais cela ne nous dit rien sur le nombre de connections (appelées aussi synapses) que les neurones font entre eux et qui sont indispensables à la cognition. C'est là que Koko prend l'avantage sur Lucy.
Le cerveau des grands singes est mieux oxygéné
Dans le cerveau des grands singes actuels, le sang circule deux fois plus vite que dans celui de nos ancêtres du Paléolithique. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs australiens ont mesuré les cavités laissées par les artères alimentant le cerveau dans 96 crânes de grands singes et dans 11 crânes d’australopithèques. Avec un flux sanguin plus important dans les hémisphères cérébraux, les grands primates ont un cerveau mieux oxygéné. Dans ces conditions, ils auraient des capacités cognitives et d'apprentissages accrues par rapport à celles de notre ancêtre. Pas étonnant quand on sait que le chimpanzé est l'espèce animale la plus proche de l'Homme.
Jeune gorille âgé de 6 mois Ce jeune âgé de 6 mois environ est un joli symbole de la vitalité actuelle de la population de gorilles de montagne. Dian Fossey est l’une des premières a les avoir mis en lumière et les efforts continus de conservation depuis son assassinat en 1985 ont permis à la population de passer d’environ 250 à un peu plus de 1000 au dernier recensement (2018). C’est un réel succès et c’est actuellement la seule population de grand singe en augmentation. Même si les défis demeurent nombreux, ils sont le symbole qu’une forte mobilisation, à condition que l’on s’en donne les moyens, peut payer.
Le regard est un vecteur important chez le gorille Comme chez tous les primates la communication non-verbale est primordiale. A ce titre, le regard est un vecteur important. On dit souvent que regarder un gorille dans les yeux est signe de défiance : s’il faut nuancer le propos par le contexte, il demeure vrai que les gorilles évitent les regards trop directs en général mais dans certains moments de tranquillité, la curiosité peut l’emporter et transformer ces échanges visuels avec le visiteur en moments particulièrement intenses.
Notre parenté se révèle un peu au détour d’un instant suspendu Si l’on retient d’abord du gorille son imposante présence, les détails peuvent aussi être source d’émerveillement lorsque l’on prend le temps de s’y attarder. Et notre parenté se révèle un peu plus parfois au détour d’un instant suspendu.
Chimanuka mâle adulte gorille de Grauer « Chimanuka » est un mâle adulte gorille de Grauer. Entre 1996 et 2003 la région du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo à connu deux guerres civiles. Hommes et animaux ont payé un lourd tribut durant cette période. Quand la situation a permis la reprise du travail des équipes de suivi des animaux, le constat fut terrible. La presque totalité des groupes de gorilles habitués avait été décimée. Toutefois, dans ce chaos, Chimanuka avait non seulement survécu mais il avait aussi réussi à former une famille.
Gorille dos argenté numéro deux de la hiérarchie Il existe en tout 4 sous-espèces de gorilles, toutes fonctionnant sur le même modèle de plusieurs femelles rassemblées autour d’un mâle dominant. Toutefois le gorille de montagne fait un peu exception puisque c’est le seul cas ou l’on peut trouver plusieurs mâles adultes par groupe. Même s’ils sont généralement apparentés, l’entente demeure parfois difficile et ici ce dos argenté qui est le numéro deux dans la hiérarchie s’est un peu éloigné en périphérie. Cela lui permet de relâcher la pression et offre aussi au groupe une surveillance plus étendue.
Les gorilles de Grauer sont les plus gros primates au monde Les gorilles de Grauer sont les plus gros primates au monde. Ils dépassent sensiblement en taille et poids les gorilles de montagne. Vivant à plus basse altitude leur environnement diffère sensiblement ce qui explique une alimentation un peu plus mixte composée de bambou, végétaux divers mais aussi de fruits en saison.
Gorille de l'est Les gorilles de l’Est sont divisés en deux familles : les célèbres gorilles de montagne (Gorilla beringei beringei) dont la situation s’est stabilisée pour le moment grâce à d’intenses efforts de conservation, et les gorilles de Grauer (Gorilla beringei graueri). La situation de ces derniers est bien plus critique, leurs effectifs ont fondu de 80% en 20 ans et on estime qu’il reste moins de 4000 individus. La principale cause de leur disparition étant liée à l’insécurité et au désordre générés par l’exploitation illégale de mines (terres rares, or…) sur leur aire de répartition.
Femelle gorille perdue dans ses pensées Que peut-il bien se passer dans la tête de cette femelle gorille ? Ces grands singes sont réputés pour être dotés de très grandes capacités cognitives. Comptant parmi les rares espèces à se reconnaître dans le miroir, ils recourent à certaines plantes pour se débarrasser des parasites intestinaux et disposent d’un langage gestuel complexe. Une étude de 2009, menée par Émilie Genty et Richard Byrne (université de St Andrews, Écosse), semble même indiquer qu’il existe 102 gestes universellement utilisés par les différentes espèces de gorilles. © Sébastien Meys
Gorille pensif Ce gros plan n’est pas sans rappeler la plus célèbre des sculptures de Rodin. Ce géant, jugé menaçant et agressif, se révèle en réalité doux et timide. Brassens se trompait lorsqu’il chantait Gare au gorille car nous n'avons pas à nous méfier de lui. C'est plutôt à lui de nous craindre puisqu'il est menacé d’extinction. © Sébastien Meys
Gros plan sur le visage d’un gorille Ce gorille, qui nous regarde presque les yeux dans les yeux, ne peut nous laisser indifférents. Tout simplement parce qu’il fait partie de notre grande famille des anthropoïdes et que ses cellules contiennent plus de 98 % d’ADN en commun avec les nôtres. © Sébastien Meys
Gorille en pleine communication vocale Les gorilles communiquent par le geste mais aussi par la voix. Ils disposent d’un répertoire vocal qui leur permet de dialoguer avec les autres membres du groupe (par exemple pour les avertir d’un danger). Parfois, ils peuvent aussi échanger avec un autre groupe qui rôde à proximité, de manière à l'intimider. Le gorille est connu pour se taper sur le torse. Les scientifiques ont d’abord pensé que ce comportement était réservé au mâle dominant, pour exprimer sa force. Il semble en réalité que tous les membres de la troupe effectuent ce geste qui pourrait être un signe de bienvenue. © Sébastien Meys
Maman gorille tenant son bébé dans les bras Une femelle gorille reste toujours près de son bébé et veille sur lui. Observation intéressante : les adultes adaptent leur langage à celui de leurs petits, tout comme nous le faisons au sein de notre espèce. Ce comportement, démontré chez les gorilles, n’a pas été souvent observé dans le reste du monde animal. © Sébastien Meys
Mâle dominant aussi appelé dos argenté chez les gorilles Un groupe de gorilles est placé sous la protection et la domination d’un mâle dont le pelage du dos prend une teinte gris argenté. D’autres mâles adultes, au dos noir, sont parfois tolérés, mais il leur est interdit de se reproduire, ce privilège étant réservé au chef de tribu. De toute manière, contrairement à l’image véhiculée par des œuvres telles que King Kong, cet animal, symbole de virilité, n’est pas vraiment porté sur la chose... © Sébastien Meys
« Gorilles, portraits intimes » Ce livre, dont sont tirés tous ces clichés, cache encore bien d’autres portraits de gorilles, plus beaux les uns que les autres. Il est signé Florence Perroux, responsable de la conservation et de la pédagogie au zoo de La Palmyre (Charente-Maritime), et Sébastien Meys, photographe animalier spécialisé dans les primates, et plus particulièrement les grands singes. © Sébastien Meys