Après Jurassic Park, voilà que se profile à l’horizon Chickenosaurus Park. Une fois de plus, le paléontologue Jack Horner se retrouve associé à l’idée de recréer des dinosaures. Son collègue Hans Larsson a sérieusement entrepris de recréer des dinosaures en manipulant les embryons de leurs descendants les plus connus, les poulets.

au sommaire


    Bientôt le retour des vélociraptors ? Ou, plus exactement, verrons-nous un jour des Chickenosaurus ressemblant à leurs lointains cousins ? © Todd Marchall

    Bientôt le retour des vélociraptors ? Ou, plus exactement, verrons-nous un jour des Chickenosaurus ressemblant à leurs lointains cousins ? © Todd Marchall

    Tout le monde se souvient de Jurassic Park, le film de Steven Spielberg sorti en 1993. À l'aide de superordinateurssuperordinateurs et de brins d'ADNADN miraculeusement retrouvés dans le corps de moustiques conservés dans de l'ambre datant de l'époque des dinosaures, des scientifiques y recréaient vélociraptorsvélociraptors et brachiosaures.

    Ce rêve est malheureusement impossible, tellement l'ADN est une moléculemolécule fragile. Les dinosaures ont presque tous disparu il y a en effet 65 millions d'années, probablement sous l'action combinée de la chute d'une météoritemétéorite et des éruptions des trapps du Deccan en Inde, seuls les oiseaux ont traversé l'épreuve. Et s'ils détenaient la réponse pour recréer des espèces dignes de celles qui jadis peuplaient la Terre ?

    Bloquer les oiseaux dans l'œuf pour en faire des dinosaures

    Jack Horner est le paléontologuepaléontologue que Spielberg avait consulté pour rendre son film plus crédible. Ce scientifique était en train de discuter avec son collègue de l'université Mc Gill, Hans Larsson, titulaire de la chaire de macroévolution de la célèbre université de Montréal, quand Larsson a brusquement eu une idée...

    On sait que lors du développement d'un embryonembryon, plusieurs stades récapitulent, d'une certaine façon, l'histoire de l'évolution de l'espèce. Et si on bloquait une partie du développement embryonnaire d'un descendant de dinosaures de manière à le faire exprimer complètement son héritage génétiquegénétique au moment où ce dernier ressemble à un reptilereptile en train de développer queue et dents ?

    Cette reconstitution représente un <em>Gallimimus</em>, ou le dinosaure « qui imite la poule ». Pourra-t-on recréer des animaux semblables ? © Steveoc 86, Wikipédia, cc by sa 3.0

    Cette reconstitution représente un Gallimimus, ou le dinosaure « qui imite la poule ». Pourra-t-on recréer des animaux semblables ? © Steveoc 86, Wikipédia, cc by sa 3.0

    L'idée n'est pas absurde, d'autant que l'on sait aujourd'hui que bien des espèces partagent un grand nombre de gènesgènes. Il y a bien sûr l'exemple des chimpanzés qui ont le même bagage génétique que nous à 99 % mais il existe bien plus surprenant. Les ciones, des animaux marins qui font partie des ascidies (lointains cousins des vertébrésvertébrés) partagent avec nous 80 % de leurs gènes...

    Chickenosaurus Park

    L'apparition de nouvelles espèces consiste donc souvent à faire du neuf avec du vieux en contrôlant l'expression ou la désactivation de certains gènes déjà présents. En particulier, les chercheurs savent depuis quelque temps que des gènes baptisés Hox sont cruciaux dans le développement embryonnaire donnant un vertébré d'une forme donnée.

    Depuis quelques années, Larsson tente de modifier le développement embryonnaire des poulets de différentes façons, en espérant un jour trouver la recette pour obtenir un Chickenosaurus (pouletosaure en français ?). Cela pourrait prendre des décennies, estime-t-il, mais après tout, les poulets et autres oiseaux sont fortement apparentés aux fameux vélociraptors de Jurassic Park, dont on sait d'ailleurs maintenant qu'ils avaient des plumes. Alors, bientôt un Chickenosaurus Park ? Peut-être... Qui serait tenté d'y aller ?

    Mise à jour : août 2012.