Certains oiseaux migrateurs peuvent voler pendant plusieurs jours sans interruption et donc sans pouvoir s'abriter des rayons du soleil. Une étude effectuée sur plus de 9.000 espèces montre que les plus grands voyageurs ont aussi souvent un plumage plus clair qui leur permet de réfléchir ces rayons. 


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    Une espèce d'oiseaux sur cinq est migratrice. Toutes ne parcourent pas des milliers de kilomètres à chacune de leurs migrations mais doivent supporter des conditions de température, de disponibilité d'oxygène et de luminosité extrêmes. L'espèce qui détient le record de la distance de migration en vol est la sterne arctique Sterna paradisea qui parcourt plus de 70.000 kilomètres chaque année.

    La sterne arctique <em>Sterna paradisea</em> est l'espèce pour laquelle les plus grandes distances de migration ont été enregistrées. © Paul, Adobe Stock
    La sterne arctique Sterna paradisea est l'espèce pour laquelle les plus grandes distances de migration ont été enregistrées. © Paul, Adobe Stock

    Le suivi du vol de barges rousses Limosa lapponica baueri a, par ailleurs, montré qu'elles étaient capables de rejoindre la Nouvelle-Zélande à partir de l'Alaska, soit un trajet de plus de 12.000 kilomètres, en un peu plus de neuf jours et sans interrompre leur vol. Quelles sont donc les adaptations permettant à ces oiseaux d'effectuer de si longues migrations ?

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    Les grands migrateurs présentent bien évidemment des morphologiesmorphologies aérodynamiques et ont, par exemple, une apparence lisse et de longues ailes pointues. Leur consommation énergétiqueconsommation énergétique en vol est également relativement faible par rapport à celles d'espèces peu ou pas migratrices. Les barges consomment en effet 0,41 % de leur massemasse corporelle par heure en vol et parcourent 11.000 à 12.000 kilomètres par an contre 2 % par heure pour le colibri à gorge rouge qui parcourt environ 1.100 kilomètres par an.

    De très longs vols et des plumes très claires

    Lors de vols longue duréedurée, les oiseaux migrateurs doivent également faire face à des températures élevées au cours de la journée. Il a déjà été montré que certaines espèces migratrices volaient à plus haute altitude dans la journée par rapport à la nuit, ce qui leur permettrait de compenser la chaleurchaleur produite par l'absorptionabsorption des radiations solaires et de ne pas surchauffer en vol. Il est, par ailleurs, connu que les couleurscouleurs plus claires absorbent moins les radiations solaires que les couleurs foncées.

    Les auteurs d'une étude parue dans le journal Current Biology ont donc examiné les couleurs du plumage de plus de 9.000 espèces d'oiseaux. Ils ont pour cela analysé automatiquement les pixelspixels des images fournies par l'encyclopédie Handbook of the Birds of the World et ont attribué une note allant de 0 = clair à 100 = foncé au plumage de chaque espèce. Ils ont comparé les résultats obtenus avec le comportement des espèces considérées en fonction de leurs distances de migration annuelles (de 0 à plus de 2.000 kilomètres).

    Les bécasseaux à croupion blanc (<em>Calidris fuscicollis</em>) peuvent parcourir plus de 9.000 kilomètres par an. © Pablo F. Petracci
    Les bécasseaux à croupion blanc (Calidris fuscicollis) peuvent parcourir plus de 9.000 kilomètres par an. © Pablo F. Petracci

    Leurs résultats indiquent que les espèces non migratrices ont un plumage plus foncé que celui d'espèces qui migrent sur de courtes distances, elles-mêmes ayant un plumage plus foncé que les espèces qui migrent sur plus de 2.000 kilomètres par an. Si les grands migrateurs ont tendance à avoir un plumage plus clair que les autres oiseaux, seuls sept ordres de migrateurs (incluant les pélicans, passereaux et oiseaux limicoles) parmi quinze suivent cette tendance.

    Plus une espèce d'oiseaux parcourt de longues distances lors de ses migrations, plus son plumage a tendance à être clair. © Delhey et <em>al.</em>, 2021
    Plus une espèce d'oiseaux parcourt de longues distances lors de ses migrations, plus son plumage a tendance à être clair. © Delhey et al., 2021

    Des contraintes évolutives sur l'aérodynamisme induisent en effet la présence d'un plumage dorsaldorsal foncé chez certains migrateurs. Une surface dorsale plus chaude génère moins de forces de frottement avec l'airair et augmente donc l'efficacité du vol.