Au large de Santa Barbara, en Californie, d’importants suintements d’hydrocarbures, et surtout du méthane, se produisent. Ce gaz peut aggraver l’effet de serre s’il est libéré en trop grande quantité dans l’atmosphère. Des chercheurs ont voulu estimer le danger pour le climat. La réponse est plutôt rassurante.

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    Clathrate brulant. Crédit : American Institute of physics

    Clathrate brulant. Crédit : American Institute of physics

    On sait qu'il existe de gigantesques gisements de méthane sous forme de clathrateclathrate, de la glace d'eau piégeant du méthane, au fond des océans. Il se produit donc des processus accumulant du méthane et le piégeant dans les sédiments. Une brutale libération de celui-ci aurait des effets catastrophiques sur le réchauffement climatique, car le méthane, à quantité égale, engendre un effet de serre bien plus important que le dioxyde de carbone (CO2).

    On suspecte que, dans le passé, le méthane été libéré en massemasse lors de réchauffements climatiques, amplifiant ceux-ci. Or plusieurs zones sur la planète sont connues, qui libèrent naturellement au fond de l'océan des hydrocarbureshydrocarbures comme du pétrolepétrole et du méthane. On les appelle des suintements (seep en anglais). L'une des plus étudiées est le Coal Oil Point (COP), au large de Santa Barbara. Plus de deux millions de mètres cubes de méthane et l'équivalent de 100 barils de pétrole sont ainsi émis chaque jour dans cette zone.

    On comprend donc, lorsque l'on sait que des milliers de suintements similaires existent sur la planète, qu'il est de la plus haute importance de déterminer quelle fraction du méthane ne se dissout pas dans l'océan et est libérée dans l'atmosphèreatmosphère.  


    Un suintement de méthane sous forme de bulles dans la zone du COP. Cliquez pour agrandir. Crédit : David Valentine.

    Le docteur David Valentine est membre du département des sciences de la TerreTerre de l'Université de Santa Barbara. Avec ses collègues, et surtout avec Susan Mau, en postdoc dans son groupe de recherche, il a échantillonné l'eau tous les mois en 79 points de prélèvements sur une surface de 280 km2. Ces mesures ont d'abord révélé que l'émissionémission de méthane se faisait sur une surface d'environ 70km2. On savait déjà que la moitié des bulles de gazgaz émises au fond de l'océan se dissolvait mais que devenait ensuite ce méthane dissous ? N'allait-il pas finir à son tour par rejoindre l'atmosphère ? A l'aide d'un spectromètrespectromètre de masse, les chercheurs ont mesuré précisément la teneur en méthane des eaux de surface, et ont ainsi pu estimer la quantité relarguée dans l'atmosphère.

    Il en est ressorti que la concentration de méthane dissous changeait avec les courants et qu'un ventvent plus fort en surface augmentait la libération de méthane. Toutefois, seulement 1 % du méthane dissous finissait par passer dans l'atmosphère : une excellente nouvelle.

    D'après les chercheurs, la majeure partie de celui-ci doit donc être transportée par des courants en dehors de la zone de suintement et il est ensuite très probablement dégradé par l’activité microbienne des océans.