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« Les géologuesgéologues doivent maintenant recalculer les estimations des quantités d'hydrates de méthane qui existent sur la planète » vient d'expliquer Michael Riedel, de l'université McGill, de Montréal, devant ses collègues réunis à San Fransisco par l' American Geophysical Union. Lui et son équipe ont dépouillé les résultats d'une campagne effectuée en 2005 au large de l'île de Vancouver, au Canada, et ont conclu que ce méthane se trouve entre 60 mètres et 120 mètres sous le fond océanique, alors qu'on le pensait jusque-là enfoui deux fois plus profondément.
La nouvelle peut inquiéter quand on sait que la libération de ce puissant gaz à effet de serre - vingt fois plus efficace que le gaz carboniquegaz carbonique - est d'autant plus facile qu'il se trouve près de la surface.
Fabriqué par les bactéries à partir de la matière organique, notamment au fond des océans, le méthane se trouve parfois piégé sous forme d'hydrate au-dessus des zones de subductions, là où la croûte océanique s'enfonce sous le talus continental. Crédit : R.D. Hyndman,G.D. Spence, R. Chapman, T. Yuan
Réservoirs percés
L'hydrate de méthane, ou clathrateclathrate, est cette curieuse substance faite de méthane enfermé dans des cages de moléculesmolécules d'eau. Il ressemble à de la glace et n'est stable qu'à forte pressionpression. On en trouve dans le sous-sol, en particulier sous le fond des océans au droit des talus continentaux. Issu de la matièrematière organique, ce méthane produit par des bactériesbactéries est ainsi piégé jusqu'à ce qu'il soit remonté, par des mouvementsmouvements géologiques ou des fissures, là où règnent des pressions plus faibles. Il se dégage alors jusque dans l'atmosphère.
Considéré comme un réservoir de matière organique fossile, l'hydrate de méthane pourrait être une source de carburant supplémentaire pour tenir le coup aux premiers temps de l'après-pétrolepétrole. Mais depuis plusieurs années, cette « glace qui brûle » comme on l'appelle parfois, est devenue une sorte de tueur en série. On accuse des dégagements brutaux de ce méthane caché d'avoir dans le passé provoqué des extinctions massives et des changements climatiqueschangements climatiques. Il est même soupçonné dans l'affaire du Triangle des Bermudes...
Si les plus grands réservoirs se trouvent non pas à quelques centaines de mètres comme on le pensaient jusque-là mais à seulement à une centaine, ils seront plus accessibles pour l'industrie du pétrole mais aussi plus facilement percés. « Ce méthane peut être relâché rapidement, prévient Michael Riedel, mais pas à l'échelle d'une vie humaine, à l'échelle des temps géologiqueséchelle des temps géologiques. »